Adolphe Nysenholc

  • Écrit / Audiovisuel / Son / Spectacle vivant

Mère de guerre

Un homme entre deux âges est à l’agonie. À son chevet, deux mères se le disputent comme fils. Il s’agit de la très jeune mère morte en déportation, et de la « marâtre », Gentille qui a sauvé l’enfant en le cachant. Le parâtre était dans la vie un maître de cérémonie des enterrements. Et c’est lui qui a pu ramener les deux femmes de l’au-delà in extremis. La mère naturelle crie qu’elle a été injustement séparée de son fils, et que c’est à elle qu’il revient désormais. Avec qui le fils doit-il partir dans la mort ? Comment va-t-il pouvoir résoudre ce jugement de Salomon moderne ?

Fiche

Année
2000

Extrait

I. Fils - Parâtre La nuit. Un lit grince. Où dort le fils, âgé. Le fils - Père ! (Silence.) Père ! (Silence.) Le parâtre (se présente,avec une voix érayée) Le fils (ébahi) - Que fais-tu là, toi ? Le parâtre - ... Tu veux déjà que je retourne ? Le fils - Tu n'es plus mort ? Le parâtre - N'aie pas peur d'un revenant. Le fils - Il y a si longtemps que je ne t'aie vu, depuis ton... départ, à la veille de ton centenaire. Le parâtre - Moi je me souviens de ton arrivée chez nous comme si c'était hier. Tu avais deux ans. Ta mère avait échappé à une raffle. Elle s'est réfugiée dans notre maison, avec toi. Le fils - Vous n'avez gardé que moi ? Le parâtre - Elle a dit "Mon mari va s'inquiéter." Elle est partie, seule, dans la nuit. Elle n'est pas revenue. Le fils - Les nazis. C'est de l'histoire ancienne. Le parâtre - La guerre 40-45 est terminée depuis plus d'un demi-siècle. Mais elle est toujours un cauchemar pour toi. Tu as appelé dans ton sommeil. Le fils - Tu as entendu ? Le parâtre (en aparté) - Cette nuit, tu as eu un malaise. Tu ne sais pas que tu vas mourir à l'aube. Le fils - Tu viens encore chez les vivants ? Le parâtre - La frontière de la vie n'a jamais eu beaucoup de secret pour moi. J'étais préposé aux enterrements ...