Le réalisme magique, une expérience.

Dans une grande maison entourée d’un jardin vit, près de Bruxelles, Claudine Tondreau, romancière belge. Après avoir vécu notamment en Afrique, elle nous parle du réalisme magique. Nous lui avons demandé de nous décrire ce que représentait pour elle ce mouvement peu connu en France. Sa réponse a été ce texte précis et passionnant, qui vibre de son intelligence du monde. L’article a été illustré par Antoinette Rouvroy qui, par ses images oniriques, traduit bien l’univers du réalisme magique.

Fiche

Année
2015

Extrait

Entre merveilleux et fantastique, le réalisme magique surgit dans un no man’s land indéfinissable, exploré tant par les peintres que par les cinéastes et les écrivains. Il y introduit « cette poésie centrale, cette atmosphère de rêve et de magie qui, pour certaines imaginations, se dégage tout naturellement du spectacle même de la réalité » (Edmond Jaloux). Bien plus que d’un procédé, il s’agit d’une manière d’être dans le présent et en même temps… de lui échapper. Franz Hellens parlera d’un réalisme à vif d’une telle qualité qu’on ne peut savoir le point où il devient une espèce de rêve et de folie. Éminemment poétique, le réalisme magique éclaire le réel, lui donne une solution à la fois miraculeuse et incontestable. Il transforme le quotidien, le théâtralise, le bouleverse, en recourant à des moyens communs au genre fantastique, mais avec un objectif différent (se distinguant cependant de ce qu’on nomme la fantasy, que l’intervention magique éloigne de la réalité). Il s’agit d’un courant, d’un ensemble, d’un mouvement aux multiples expressions selon les continents – et non d’un genre.