Celles d'avant

Des spectres. Des revenantes, enfouies au fond de nous.
Les mères, oppressantes, harcelantes, les ogresses, les sacrifiées, les gaveuses, venues de loin, venues d’avant, toujours en quête de leur proie, poursuivant leur œuvre de sape par-delà le temps.

Corinne Hoex pratique une poésie volontiers narrative, d’une trompeuse simplicité, qui privilégie une langue épurée où chaque mot, choisi avec une parfaite justesse, fait mouche dans la sensibilité du lecteur. Tout en s’inscrivant dans la continuité de ses précédents recueils, "Celles d’avant" témoigne à la fois d’un approfondissement et d’un élargissement de sa palette. Dans ses romans ("le Grand Menu", "Ma robe n’est pas froissée", "Décidément je t’assassine"), Corinne Hoex n’a cessé de se colleter avec la domination de la famille et plus particulièrement l’emprise de la figure maternelle. Ce thème est à nouveau au cœur du présent recueil, où il se teinte d’une coloration fantastique tout à fait nouvelle dans son œuvre. Les celles d’avant du titre, ce sont d’inquiétants fantômes qui murmurent dans la nuit et s’invitent sans façon, c’est le poids obsédant des générations antérieures dont il est impossible de se défaire. Le tout traité avec une belle âpreté, entre humour noir et cauchemar fantasmatique.

Thierry Horguelin

Fiche

Visuel
Année
2013
Édition
Cormier (Le)

Extrait

c’est nous disent-elles
c’est nous
elles gravissent l’escalier 
sans arrêt elles approchent 
leurs mains frôlent 
de hauts murs 

la lumière tourne 
dans les glaces