Pour son quatrième spectacle en tant que chorégraphe, "Mismorigen", Fernando Martin a réuni des qualités trop rares dans les pièces de danse contemporaine: la volonté de créer un spectacle complet, et un vrai souci de tous ses éléments – la danse bien sûr, mais aussi la composition musicale, la scénographie, les costumes, la dramaturgie…, ce malgré la faiblesse des moyens dont peut disposer aujourd'hui un jeune chorégraphe; la générosité dans le propos – une simple relation de frères, à la fois très particulière et très universelle; la générosité dans le rapport au public – qui n'a pas besoin d'être un initié pour être ému par le spectacle ; et le dialogue, sur un pied d'égalité, avec une autre forme de danse, le flamenco, qui n'est pas moins "contemporaine". Mais ces éléments ne nous toucheraient pas s'ils n'étaient réunis avec beaucoup d'intégrité, une grande humanité, et une totale absence de prétention: quand la danse parle ainsi du cœur, elle trouve toujours son public, sans avoir à la flatter bassement. (Thierry Smits)