A lire l’invitation au colloque Rencontres avec les différences. Sexualité, interdisciplinarité, pluriethnicité, je me suis étonnée. Ainsi donc, ici aussi les différences entre individus sont considérées comme faisant partie des choses que l’on peut objectiver. Prenant pour point de départ « les différences irréductibles entre les hommes et les femmes », l’argumentaire développe en effet l’idée selon laquelle il existe entre les individus des différences objectives que l’on peut référer, par exemple, aux identités sexuelles, aux ancrages disciplinaires, ou encore aux origines ethniques. Ces différences, et les stéréotypes auxquels elles donnent naissance, seraient une des causes des rivalités qui minent les relations humaines au sein des couples d’abord, et plus largement dans les sociétés. D’où l’objectif du colloque : réfléchir aux conditions susceptibles de favoriser et faciliter les projets communs entre personnes aux appartenances (de genre, de discipline, d’ethnie) distinctes. Ces phrases résonnent avec la force d’évidences indiscutées. Et pourtant, emboîtant le pas aux sociologues, anthropologues et psychologues sociaux qui ont produit de nombreuses recherches à ce sujet, je vais à mon tour leur adresser plusieurs questions. La première est celle-ci : ces différences dont on parle, pour qui existent-elles ? Cette première question en entraîne une seconde : lorsque des spécificités culturelles semblent être au cœur de conflits, en sont-elles la cause ou la conséquence ? La question des modalités psychiques et sociales en fonction desquelles s’effectue le rapport à autrui, proche ou non, a été débattue à l’occasion d’un colloque précédent de l’IEFS dont Robert Steichen avait assuré la coordination avec Clio Presvelou. Mon intention ici n’est pas de relancer ces débats mais bien d’y reprendre des éléments qui, peut-être, pourront enrichir les questions d’aujourd’hui. Je m’appuierai, pour ce faire, sur une recherche que j’ai menée en milieu scolaire.