Les Dix-sept valises

Alicia Zitouni est ce genre de femme qui a tout pour aller mal. D’origine marocaine, elle est née en Belgique, mais ne se sent ni d’ici ni de là-bas. Elle sillonne une vie chahutée et marquée au fer rouge par un environnement violent, enfermant, acculturé et soumis au diktat des hommes.  Pourtant Alicia rayonne. Elle transpire cet enchantement pour la vie qui permet de la traverser les bras grand ouverts, quel que soit le cadeau de naissance. Lorsque Mathilde Lambert - jeune femme moderne qui a tout pour aller bien - décide d’écrire un roman inspiré par le destin étonnant d’Alicia, elle est loin d’imaginer que ce projet va bouleverser sa vie En se glissant dans la peau de son héroïne, elle découvrira, au bout de sa propre plume, une manière d’appréhender l’existence aux antipodes de la sienne. Elle pénétrera les mondes invisibles des croyances et de l’imaginaire et se laissera porter par la grâce d’envisager le monde avec poésie.  Elle comprendra enfin pourquoi, d’elles deux, c’est Alicia qui souriait le mieux.

Fiche

Visuel
Année
2018
Édition
Editions Luce Wilquin

Extrait

Je suis arrivée à Essaouira la veille. J’avais réservé une place à l’avant de l’avion, rangée 6, côté hublot. Voir la terre, puis le bleu du ciel juste après l’inconfort des nuages me rassure. J’ai rangé mon sac sous le siège avant et glissé mon paquet de mouchoirs, mon bouquin et mes mandalas à colorier dans la pochette en treillis où se trouvent les consignes de sécurité. Puis, mes écouteurs vissés sur les oreilles, j’ai regardé le flot des gens qui s’engouffraient un peu sauvagement dans l’appareil. J’ai hésité entre avaler une nouvelle salve de gouttes de Fleurs de Bach ou prendre le cachet anxiolytique que m’avait recommandé mon médecin. L’avion ne tarderait pas à décoller et j’ai opté pour le verre de vin en vol. Quelques gorgées devraient suffire à me relaxer, même si au stress de l’avion s’est ajoutée l’excitation de rejoindre Alicia. Le steward a arpenté le couloir en vérifiant le bouclage des ceintures. La mienne était déjà abusivement serrée depuis l’instant où j’avais pris possession de mon siège. L’avion était sur le point de s’arracher du sol. Mon voisin a fermé les yeux. Je l’ai imité, pour ne plus penser ni à la terre, ni au ciel, ni à ma double agitation qui flottait entre les deux. Je n’ai plus pensé qu’à la plage qui m’attendait là-bas.