Jacky Degueldre

  • Écrit / Son / Audiovisuel / Multimedia

Analyse d'une campagne de communication de type "corporate" "Terre d'asile" (PAC, 2005-2008)

Description de la campagne choisie (objectifs, période…) Il s'agit d'une campagne de communication stratégique pluriannuelle, initiée comme telle et portée en exclusivité de 2005 à 2008 par l’asbl Présence et Action Culturelles (PAC). Premier mouvement d’éducation permanente reconnu à ce titre depuis 2006, celui-ci en a fait dès lors et jusqu’en 2008 inclus l’une des deux grandes campagnes de communication annuelles auxquelles l’astreint un décret de la Communauté française. L’objectif initial des premières actions labellisées Terre d’asile était l’intégration sociale des demandeurs d’asile par des activités collectives ciblant un public mixte fait de ces candidats-réfugiés étrangers et d’allocataires sociaux belges précarisés comme eux. Au centre de cette campagne donc, la création très symbolique de jardins potagers solidaires, présentés comme des « terrains d’entente » puis des « terrains de rencontre », favorisant la découverte et le métissage des cultures allogènes dans le respect de l’Autre.

Fiche

Année
2009

Extrait

Raisons du choix de cette campagne
Cependant le durcissement, pour ne pas dire le blocage, de la politique fédérale en matière d’asile a entraîné parallèlement une radicalisation de la forme et du ton de la campagne, devenue au fil du temps nettement polémique, avec dès 2006 et jusqu’à ce jour un objectif opérationnel clair en termes de sensibilisation de l’opinion : lutter pour la dignité de traitement des demandeurs d’asile et la régularisation des sans-papiers, contre les préjugés xénophobes et les mécanismes sociaux d’exclusion dûs à la méconnaissance.
C’est cette radicalisation même qui fait tout l’intérêt du choix de cette campagne puisque, outre qu’elle porte sur un sujet d’une actualité toujours aussi dramatiquement pressante, elle est aussi un cas-type de contre-culture s’opposant idéologiquement à la culture officielle dominante qui en bonne part la subventionne (une spécificité politique belge).
Enfin, faisant ainsi sur la forme un usage subversif des flux médiatiques, elle relève plus largement, sur le fond, de la question cruciale des flux migratoires, qui constitue à n’en pas douter un enjeu majeur des sociétés multiculturelles confrontées à la globalisation.

Manière dont le groupe a pris connaissance de la campagne
Une autre raison qui pourrait aussi être évoquée pour justifier ce choix tient dans la manière dont cette campagne est venue à la connaissance du groupe. Il se trouve en effet qu’elle a été conçue et pilotée dès l’origine, stratégiquement comme sur le plan créatif, par celui-là même qui en coordonne encore le dispositif aujourd’hui et l’a proposée comme sujet d’analyse au groupe d’étudiants dont il est un membre. L’occasion a donc paru excellente, une fois évacuée la question éthique de la double implication du porteur de projet, de se procurer à la source même et sans restriction toutes les données stratégiques utiles à une analyse parfaitement documentée, à la fois pertinente et, s’il le faut, critique (par exemple quant à la cohérence des différentes phases de la campagne).
L’exercice conjoint de décryptage, qui a déjà commencé avec une présentation liminaire des divers documents de cette campagne multi-médias au groupe initial, constituera en fait un excellent mode d’évaluation de Terre d’asile et de réquisitoire stratégique final.