Jacky Degueldre

  • Écrit / Son / Audiovisuel / Multimedia

L'énigme de la pierre du Colau

Découverte impromptue que la présence énigmatique, dans la cour d'une vieille ferme de la région binhoise (Hainaut), d'une belle pierre armoriée et millésimée 1569. Des armoiries ecclésiastiques et un millésime non anodin, car l'ensemble relie de toute évidence cette clé de voûte à l'époque tourmentée des guerres de religion et à l'histoire dramatique de la célèbre abbaye voisine de Bonne-Espérance, souvent pillée voire incendiée à cette époque. Tel est le point de départ d'une longue et minutieuse enquête historique, dans les archives abbatiales, locales et régionales comme dans les grandes bibliothèques en ligne, pour percer le secret des signes lapidaires et identifier à coup sûr le détenteur de ce singulier blason, souligné d'un listel portant une devise non moins étrange : "Quasi tuba Esaie".

Fiche

Année
2017

Extrait

ORDRES ET DESORDRES
Du temps s’est écoulé depuis la fin provisoire de cette enquête mais des questions demeurent.
Toutes les pistes ont-elles été bien explorées et refermées? Quel en est le sens qui nous échapperait encore? Quelles sont les vraies couleurs de ce blason? Que dit-il que nous n’aurions pas encore capté? Et surtout, qui donc en est l’incontestable titulaire, si cela se peut prouver?
En le découvrant enfin, nous comprendrions certainement mieux le pourquoi et le comment de cette belle pierre armoriée et millésimée, devisée même - aux trois sens anciens du terme, séparer (ici de son contexte architectonique), raconter (ce qu’elle signifie, ce qu’elle a vécu pour en arriver là) et décrire (comme cela vient d’être amplement mais encore incomplètement fait).
Il a beaucoup été question des ordres religieux, franciscains, dominicains, récollets, prémontrés, ainsi que des abbés, leurs prélats - ce que sont dans la hiérarchie ecclésiastique les supérieursd’abbayes -, mais aussi de l’invisible, des anges ou des archanges qui commandent ces messagers (???e???/??) de Dieu, ses intermédiaires auprès des hommes. Encore que les séraphins, identifiables à leurs trois paires d’ailes et degré supérieur
dans la Hiérarchie céleste (selon ce qu’en dit le Pseudo-
Denys l’Aréopagite, moine philosophe et auteur chrétien, vers 490), soient, de même que les chérubins et les trônes (sièges divins), bien au-dessus des anges et même des archanges. C’est donc un ange du plus haut rang, un séraphin, qu’il s’imposait d’envoyer à François d’Assise, valant à celui-ci et à son ordre d’être appelés “séraphiques”. Mais ce sont bien des anges et des archanges qui expriment symboliquement la musique céleste en jouant du trombone, dont on voit, sur la sculpture en marbre du XVe s. ci-contre, que l’instrument
peut être de taille courte et compacte, vraiment tel qu’il figure en trois exemplaires sur la pierre du Colau.