36 choses à faire avant l'an 2000

36 choses à faire avant l’an 2000…dans un petit village du Togo, Afrique. D’abord, ce que ce film ne montre pas : pas d’événements exceptionnels, de rituels ou ' us et coutumes ' plus ou moins ' archaïques ', pas de folklore ni d’exotisme. Pas de misère ou de malheur exhibé, exposé. Pas de voyeurisme. Ce qui démarque ce film c’est son regard : sensible. La sensibilité qu’il faut pour filmer le quotidien, la normalité, la banalité : mais avec tout ce que de vérité et sens peuvent s’y cacher, si on les guette assez longtemps. L’auteur filme des gestes, des pas, des gens, un territoire, une terre : il filme le ' quasi rien ' qui se passe, qui passe. Il filme à la respiration près. Sans bruit, je dirais. Ici, la vie se déploie dans un temps presque « ralenti » (ralenti pour nous, les occidentaux) ' 36 choses.. ' nous rappelle le temps comme il fut, chez nous, il y a longtemps ; il nous restitue une mémoire du temps. On ' sent ' le temps qu’il faut aux pas pour parcourir des longs chemins de sable, de terre ; le temps qu’il faut pour remplir une gourde d’eau à la fontaine, pour construire une bibliothèque avant l’an 2000 – condition à l’obtention des subsides qu’allègue la Belgique. Le temps -et les gestes, et le travail- qu’il faut pour fabriquer et distribuer l’électricité et puis la radio dans le village. On est saisi d’une émotion étrange : on reconnaît, on est proche. Le lointain devient proche. Il y a une jouissance du regard. Quelqu’un a dit 'un espoir '. Il y a cette capacité du regardant de se dé-centrer pour percevoir le monde comme l’autre. Pas de commentaire explicatif, illustratif : pas de superposition de parole à celle de l’autre. L’auteur est dans l’écoute : eux parlent et transmettent un savoir, leur expérience, ils transmettent du sens et des valeurs ; on est dans l’échange. Il y a là une relation, un dialogue ; on a envie de dire : une amitié. (Loredana Bianconi)

Fiche

Année
1999