Jean-Marie Piemme

  • Écrit / Spectacle vivant / Son / Audiovisuel

Eva - Gloria - Léa

'Eva, Gloria, Léa' est fait de trois textes qui peuvent être présentés séparément: 'Les Nageurs' Eva travaille dans un magasin de chaussures. Elle rencontre deux loulous. Le trio se lance dans une errance de la nuit. Le temps coule entre les doigts. Est-ce drôle? Est-ce triste? Non, c'est juste la vie qui court. 'La serveuse n'a pas froid.' Gloria est serveuse dans un bar. Une femme habillée en homme chante une chanson de Frank Sinatra. Un jeune type a 20 ans et ne paraît pas spécialement content de les avoir. Il y a aussi une dingue qui vient importuner les clients. Le patron du bar, une saloperie de fasciste, va lui faire voir ce qu'on fait aux dingues! Gloria n'aime pas ça. Elle va encore devoir chercher un autre boulot. 'Le tueur souriant.' Léa raconte la reconstitution d'un braquage de banque où elle a été partie prenante comme otage. Quatre morts, pour pas grand chose, dit un autre témoin. Le braqueur a tué comme ça, pour quasi rien. Acte de violence sans cause apparente comme on en voit aujourd'hui. Dans le récit de Léa, la part fantasmatique est aussi importante que la description réelle.

Fiche

Visuel
Année
2000

Extrait

EVA Plutôt le châtiment maximum pour pas cher! Tu veux voir le magot? Voici mon salaire d'une semaine. Vite vu, vite compté. Qu'est-ce que je vais en faire? Et bien, je vais tout claquer. Une semaine d'ennui, un instant de paillettes. Toi et toi, vous êtes pas mal pour un mardi soir, toujours ça de pris. Comme dit l'Ecclésiaste, la vie est un sentier de merde, plus on s'enfonce plus on s'emmerde. Le plus grand des deux, ça le fait rire. Exactement, c'est quoi ces jojos? Oui, je me souviens d'avoir pensé exactement, c'est quoi ces jojos, juste au moment où j'ai vu que le plus grand sortait un poing américain. Ca s'est passé comme ça: j'étais en train de dire: la patronne, c'est de la saloperie. Son mari m'a engagée, elle ne l'avale pas, donc, je suis fainéante, inculte, je suis une sotte, je suis d'une vulgarité abominable, oui, abominable! Mais, ma petite, vous avez vu comment vous êtes attifée? Ah non, ma petite, ce n'est pas le genre de la maison, désolée, ma petite, vous allez m'enlever ça tout de suite, ma petite! Hier, elle a dit à son mari: Charles, je suis sûre que cette pouffiasse nous vole, j'en suis sûre, j'en suis sûre!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!, elle prend dans la caisse, elle pique j'en suis sûre, Charles! Buisson Ardent lève le bras, stop, il dit: stop. Tout à coup, main dans la poche, et il en sort quoi? un coup de poing américain. Il remonte jusqu'au magasin de chaussures, et aussi sec, il balance son poing dans la vitrine. (Bruits de vitres brisées) EVA Mais t'es cinglé! BUISSON ARDENT T'as vu ça? T'as entendu ça? C'est de la musique, une vitrine qui pète! EVA Et si on m'a vue avec vous, y se passera quoi demain? GRAND BRAQUET T'es pas contente? t'es pas heureuse? EVA Si, je suis heureuse! GRAND BRAQUET Tu le veux? Si tu le veux, je te le donne. EVA Quoi? GRAND BRAQUET Le poing américain. Prends, mets-le. EVA Et puis? BUISSON ARDENT Et puis tu cognes EVA Je cogne sur quoi BUISSON ARDENT La première vitrine qui passe. EVA Celle-là? OK. (Plusieurs fois le bruit d'une vitrine qui vole en éclats.)