Mamémois

Les réflexions d'un foetus de 49 cm et 3,250 kg dans le ventre de sa mère depuis à peu près 280 jours.

Fiche

Visuel
Année
2002
Édition
Lansman

Extrait

Un fœtus de 49 cm et 3,250 kg dans le ventre de sa mère depuis à peu près 280 jours. C'est. C'est arrivé comme ça. Sans que je le sache. Un jour. Allô ? Qui est là ? C'est moi. Je suis arrivée. "Une petite barrière anticyclonique s'étirant de l'Atlantique à la Suisse stabilisera provisoirement notre temps." Pourquoi ? J'aime bien ce mot. Pourquoi ? Il commence très assuré et finit dans un doute. Pour : c'est clair, déterminé. On sait ce qu'on fait. Pour. C'est l'une des deux options. L'autre étant "contre". Pas de souci, pas de tracas ; on se définit en cochant la bonne case. Et alors que tout semble si simple, il approche sur la pointe des pieds. Frappe à la porte. Et éclate : "Quoi ?" Et voilà le "pour" qui chancelle. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi suis-je là ? ... Ah ! Ah ! C'est plus si facile ! Sacré "quoi" ! Il était bien planqué ! Oh ! On peut le ranger, l'écraser, l'aplatir. Il s'en fiche. Il se colle au "pour" et n'en démord pas. "Pourquoi ?" Avec son petit point d'interrogation au bout, là, comme une vague verticale. Une ondulation. Une femme qui danse, qui tourne, qui tourne, qui tourne... Et qui tombe peut-être. Elle est perchée sur le petit point, là, juste en dessous, un ballon rond sur lequel elle essaye de tenir en équilibre. Pourquoi suis-je là ? En voilà une question ! Si tout le monde se met à s'interroger, quelle affaire ! Les points, d'accord. Point à la ligne. Poings serrés. Poings dans la gueule. Un point, c'est tout. Mais pas d'interrogation. C'est trop long. Ça donne le vertige. Ça rend fragile. Ça prend du temps.