Laurence Vielle

  • Spectacle vivant / Son / Écrit

Ca y est je vole

La réalisation de Laurence Vielle et d'Eric D'Agostino a la vertu de la sincérité. Mais cette vertu est aussi virtuose. Au-delà de l'impact émotif, c'est le mouvement sonore qui l'accompagne qui nous entraîne et nous enchaîne à l'écoute. C'est autour de Manon, la grand-mère de Laurence, que se tissent les liens et la toile narrative; peu à peu se donne à nos oreilles le récit de la vie de la vieille dame. Toute vie qui se dit et se retrace, de ses projets d'aube à ses déboires et à ses métamorphoses, prend valeur de légende. Mais il faut dire les moyens magnifiques employés pour ce projet: le texte de Laurence lu par elle en direct croise les entretiens enregistrés de la grand-mère et de ses enfants, mixés en direct par Eric D'Agostino, le tout étant lié par la musique d'improvisation de Garret List et de Fabian Fiorini et spatialisé par Todor Todorov. C'était donc aussi et autant un spectacle qu'une émission radiophonique. C'est devant nous que tout se joue à nouveau; tout, c'est Manon et la relation très intime qu'elle a nouée avec sa petite fille, avec la complicité active d'Eric D'Agostino. Ces deux voix principales tremblent et rient ensemble pour se rejoindre sur un passage dansé, où tout danse devant nous, l'éclair du souvenir et la beauté du geste, et ces mots "j'ai dansé" sont répétés dans une danse des sons et du sens. Et ceci me fait penser à la très belle phrase de Lytta Basset:"le contraire du mal, ce n'est pas le bien, c'est le sens". Laurence et Eric nous donne une leçon de sens. Ce sont les seules leçons à écouter. (Pascale Tison)

Fiche

Année
2002