Sans voiture

Un homme hésite à quitter sa femme pour rejoindre sa maîtresse....

Fiche

Année
2010

Extrait

Il était arrivé le premier et attendait Hélène en regardant les mollets des passantes. Pour chaque style de mollets, il associait un métier, une origine sociale, une épaisseur au portefeuille. Ensuite, il relevait les yeux. Lorsque son intuition collait au personnage, il disait : « touché-coulé », et il comptait les points.
Hélène lui avait dit : Je prendrai le train dans la soirée. C’était encore l’été, même si le temps n’y était pas. L’été, elle portait toujours une robe. Deviner sa présence sans lever les yeux. Prendre le temps de voir défiler dans le hall de gare, les jambes par dizaines, par centaines et tout d’un coup, parmi toutes, reconnaître au galbe des mollets son Hélène. Une vision qui lui donnait des pensées triviales. C’est ce qui l’attirait chez elle, non pas la finesse de ses chevilles, mais que ses chevilles le fassent fantasmer au point de lui faire faire des folies. Ce n’était même pas une invitation à remonter et à suivre du regard la courbe de ses hanches, son buste, son visage qu’il trouvait espiègle, mais une invitation à entrer dans une danse nuptiale de flamands roses en charge d’une mission de sauvetage du monde. De drôles de pensées lui trottaient alors en tête comme de se dire : Peut-être que cette fois, je me tirerai pour du bon.
Il était assis à la terrasse d’un café. Une terrasse à chaque fois différente comme un jeu de
Cache-cache. Son portable tressaillit dans la poche de son pantalon. Il y enfouit la main souriant à l’idée qu’Hélène devait le chercher.
-Oui ?
-On a retrouvé ton père ! lui dit sa mère.