Stratégie fatale

Thème: La résistance Un jeune palestinien grimpe sur le mur construit par Israël comme un acte de résistance.

Fiche

Année
2010

Extrait

Stratégie fatale

Il marche. Il dessine le chemin de ses pas. Il regarde la terre de ses pères, une terre ravagée, cernée de palissades hautes de quatre hommes au moins.
Derrière la palissade, la ville moderne, l’univers de l’interdit et du désir, du pouvoir et de l’argent. Un pas, encore un pas. Il longe le mur. Des mains, il martèle le béton. Dans la tête, un graffiti qu’il tague avec sa bombe. D’autres graffiti suivent et tissent la toile d’une espérance qu’il dessine jusqu’au matin. Il tague des mots, un drapeau. Il signe pour laisser une trace. Il pense : ce n’est pas assez !
Ici il est né, ici il habite, ici il porte en lui l’étrangeté de l’enfance avec son griffonnage, avec ses bouts d’étoiles et son envie de rêver. Il a entendu qu’on allait fermer le « check point ». Ces bouts de mur qui se rejoignent mais ne peuvent se rencontrer parce qu’ils sont une porte entrouverte, une brèche dans la stratégie de séparation. C’est de là qu’est née l’idée, le frisson, le spectacle. Il n’a aucun besoin d’échelle pour taguer le mur jusqu’à sa crête. Ne l’appelle-t-on pas « L’homme singe » ?
Il lui faut risquer... Bientôt il va courir. De ses jambes écartées, il tiendra le mur ouvert. D’un bond, il fera danser son corps sur la crête. Dans le ciel, il taguera le mot pour que tous puissent le lire. Il recule. Il prend son élan et grimpe. Sa bombe dans la main, il cherche l’équilibre..... De l’autre côté, les soldats voient une grenade, ils tirent.
Au bord de la chute, Il tague dans le ciel « Paix » qui comme une pluie de cendres retombe de part et d’autre sur toutes les lèvres, éveille une fierté.