Ecart

Pauline, une étudiante d´aujourd´hui, entreprend une thèse sur un jeune dramaturge australien, Robert Bled. Un échange épistolaire s´installe, des liens se nouent. Bien qu´elle aime sincèrement Jean, son fiancé, la jeune fille va fantasmer peu à peu sur une liaison improbable avec l´auteur. Jusqu´au jour où l´écrivain, profitant d´un voyage en Europe annonce sa visite... Sur le quai d´une gare, la première rencontre. Pour qu´il puisse la reconnaître, Pauline tient à la main un livre de l´auteur...

Fiche

Année
1996
Édition
Lansman

Extrait

4. Elle : Je me souviens. Le train s´est arrêté longuement. Les portières se sont ouvertes, toutes à la fois. Et soudain, sur le quai, je ne savais plus où donner de la tête. Au moins cinq jeunes gens correspondaient à la photo du livre que je tenais sur mon coeur. Ils passaient indifférents à côté de moi. Tout là-bas, un jeune homme paraissait hésiter. Il avait une veste légère, une lourde valise et les cheveux clairs. Il faisait doux. Lui : Il faisait incroyablement lourd. J´étais en nage. Je devais avoir l´air un peu égaré. Ma valise me battait les jambes. La fatigue me faisait un peu regretter le détour, que j´avais sous-estimé. C´est alors que j´ai aperçu Pauline, une petite fille incroyablement démodée, avec de longs cheveux, de grandes lunettes et un sourire pointu cmme je n´en avais jamais vu de ma vie. Elle: Je me suis avancée. Et quand je l´ai vu, je savais que je m´avançais vers pas mal de complications. Je me suis dit : Mince, la photo n´a pas menti. Et encore, elle est en-deçà de la réalité. Pourquoi n´est-il pas laid comme tout le monde? Mais soit... le train était en marche. L´autre train était reparti, nous estimant assez grands sans doute pour nous débrouiller tout seuls.