Maxime Benoît-Jeannin

  • Écrit / Audiovisuel / Spectacle vivant

Colonel Lawrence

Je marchais au bord de cette route de campagne du Dorset, qui relie le lieu dit Clouds Hill au camp militaire de Bovington. Je n'étais pas loin de la localité de Moreton où j'avais élu domicile depuis hier. J'y retournais, quand j'entendis un moteur. Ce devait être celui d'un bolide lancé à toute vitesse, d'une énorme moto. Je la vis arriver, plein gaz. Au carrefour, une voiture noire surgit et fonça sur elle. Pour l'éviter, le motocycliste braqua vers la droite, en direction de deux jeunes cyclistes. Il fit alors une embardée, passa par-dessus le guidon, et fut projeté dans le ravin, tandis que sa machine glissait sur la route avant d'être arrêtée par un poteau électrique. Le 13 mai 1935, un certain T.E. Shaw perdait ainsi le contrôle de sa moto. Shaw s'appelait en réalité Lawrence, nom que la gloire avait transfiguré en Lawrence d'Arabie. Son agonie dura cinq jours. On l'inhuma le 21 mai. Sa mort fut-elle seulement accidentelle ? Pourquoi refusa-t-on de prendre en compte le témoignage du caporal Catchpole ? S'autorisant des silences officiels et s'appuyant sur une correspondance éclairante, le narrateur nous emmène, dans une ambiance policière de roman anglais et à travers une reconstitution minutieuse des dernières années du Colonel Lawrence, vers une vérité troublante qui révèle le refoulé d'un siècle d'histoire britannique.  

Fiche

Année
1992
Édition
Cri (Le)