Patrick Lowie

  • Écrit / Son / Audiovisuel / Spectacle vivant

L'enfant du Kerala

Le chemin peu crédible

Italie 2011. C’est la guerre des « crédibles » en Europe. Mehdi vit à Rome dans un appartement avec sa compagne Angela qui a trois fois son âge. Le climat est déréglé : il fait chaud tout le temps en Italie. Mehdi ne raconte rien de son passé, de son enfance. Normal, on lui a coupé la langue en Algérie. Il vient de se faire greffer une nouvelle langue dans une clinique romaine. Mais ne pas parler pendant des années, ça laisse des traces. L’appartement et sa terrasse panoramique c’est le Nouveau Monde du couple. Ils décident de démonter la porte d’entrée. La meilleure protection est de laisser tout ouvert. Dehors, c’est la guerre au quotidien : attentats, couvre-feu, meurtres... Mais ils ne veulent pas s’impliquer dans cette violence. Une belle intrusion : Luca. Mehdi tombe amoureux. Il avait déjà été amoureux d’un garçon en Algérie : Bilal. L’image de Bilal se projette sur le visage de Luca. L’ambiance est tendue. Luca est violent, se cherche et ne comprend pas son amour pour Mehdi. Luca s’enfuit sans rien dire et revient plusieurs mois après avec dans ses mains le passé de Mehdi qui décide de rentrer chez lui.

Fiche

Visuel
Année
2005
Édition
Editions Bonobo

Extrait

du contraire. Elle ne s'en lasse pas. Le dévorer. Tout dévorer adroitement. Au quotidien. La nuit tombe très vite. Ils vont peindre les murs du hall d'entrée en jaune safran. Elle va réchauffer la pizza blanche à l'origan. Ils vont continuer à danser. Dehors : une autre explosion. Encore. La maison grandit aussi vite que leur amour. Le meuble bas en bois de cèdre marchandé à un Libanais (ils l'ont préférée à la table ronde bleu lavande) est placé juste en dessous d'une ampoule ballon à lumière noire. Quand on entre et qu'on allume on ne voit que la table et leurs désirs. Résultats escomptés. Des tableaux d'amis ainsi que des photos de famille ornent les murs. Et des photos de voyage d'Angela. Mehdi n'a d'autres souvenirs que les images qui le traversent. Un immense panier en raphia qu'elle a ramené de Madagascar est planté au milieu de la pièce. Ils y déposent des herbes à fumer. À humer ou à manger. Elles se mélangent avec enchantement. Elles purifi ent l'air pourri par la mort. La fenêtre est entrouverte. La terrasse illuminée par des bougies de jardin parfumées à la citronnelle. Pour se protéger des insectes devenus énormes. La canicule sévit toujours mais il fait quand même plus frais ce soir à Rome. Ils ont éliminé de leur quotidien : la télévision. La radio. La presse. La justice et les aventures rocambolesques de Berlusconi.