Ma soeur est rentrée dans une secte !

Faites disparaître une psy, Gabrielle, cet ange incapable de faire de mal à une mouche. Prenez ensuite Julie et François, son mari, qui pète les plombs suite à l’arrêt de ses calmants. Coincez-les dans un appartement pour affronter de mystérieux incendiaires à la solde d’un gourou avec pour seule arme un couteau de cuisine. Les voilà gardiens de la Civilisation : la Société compte sur eux. Ajoutez-y un certain Jacques Houille passionné de vélo en consultation chez la psy pour guérir ses fantasmes, une certaine Aline au quotient intellectuel terriblement limité, d’énigmatiques incantations et une scène de confession d’adultère sous l’effet d’un sérum de vérité qui vous fera pleurer de rire. Saupoudrez de quiproquos et des jeux de mots à profusion. Et vous n’aurez qu’un aperçu de cette comédie policière délirante riche en rebondissements.

Fiche

Année
2007
Édition
Art et Comédie
Production
Compagnie des Sources, Péruwelz

Extrait

Acte 1

SCENE 1 : JULIE et FRANÇOIS

(Une certaine pénombre. Au lever du rideau, Julie est en train d’allumer les bougies d’un chandelier, son portable sonne.)
JULIE (répondant) – Oui, j’avais ma clef, j’ai pu rentrer…Tu en as encore pour un moment ? …Tu n’es pas sûre de rentrer ce soir ?… Gabrielle ? Gabrielle ? Bizarre, elle a coupé.
FRANÇOIS (débouchant du hall) – Encore une panne d’électricité ? Et ta sœur n’est pas là ?
JULIE – Non, elle est encore chez son gourou, comme tu l’appelles.
FRANÇOIS – C’est une histoire qui va mal finir, tu verras.
JULIE – Mais non, c’est un mauvais passage, elle va se ressaisir.
FRANÇOIS – Un mauvais passage ? Dans un tunnel, alors. Mais le verra-t-elle le bout de son tunnel ? Et tu crois qu’elle va se ressaisir ? Parce qu’il y a plus de six mois que ça dure.
JULIE – Plus de six mois, tu es sûr ?
FRANÇOIS – Aussi sûr qu’elle ne jure que par son maître, comme elle l’appelle, elle ! Un maître à qui elle a sans doute déjà donné une fortune.
JULIE – Tu crois ?
FRANÇOIS – En tout cas, en ville, on dit que le château abrite une secte.
JULIE – Oui mais entre ce qu’on dit et la réalité…
FRANÇOIS – Regarde autour de toi : elle avait des meubles splendides, tout a disparu et a été remplacé par un mobilier on ne peut plus banal.
JULIE – C’est vrai que c’est inquiétant.
FRANÇOIS – Inquiétant, comme tu dis. Et elle s’apprête à découcher…
JULIE – Ce qu’elle n’aurait jamais fait auparavant… mais depuis sa rupture avec Loïc, elle n’est plus la même.
FRANÇOIS – La plaque, elle, n’a pas changé.
JULIE – Quelle plaque ?
FRANÇOIS – La plaque sur la façade, à côté de la porte. On peut toujours y lire : « Gabrielle Gouvenou et Loïc Leturcq, psychologues »… Psychologues ! Tu parles d’une psychologie ! Et pardonne-moi le jeu de mots mais elle le trouvait sectaire, son Loïc, sectaire !
JULIE – Elle ne savait pas ce qu’elle disait.
FRANÇOIS – Maintenant, c’est elle qui l’est, sectaire ! Et la plaque, alors qu’il n’habite plus ici, est-ce que c’est seulement légal ? Sûrement pas.
JULIE – Voyons, ce n’est peut-être pas si grave !
FRANÇOIS – Non, c’est pire. Elle est à côté de la plaque, si tu me permets l’expression. Te rends-tu compte, depuis plus de six mois, de l’argent qu’elle a pu dilapider ?
JULIE – Tu me fais peur, François.
FRANÇOIS – Ecoute, Julie, il est grand temps que tu ouvres les yeux : ça va mal tourner.
JULIE – Tu as raison mais que pouvons-nous faire ?
FRANÇOIS – Si on mettait la police sur l’affaire ?
JULIE – Mais oui, appelons l’inspecteur Laurent !
FRANÇOIS – Non, je t’en prie, pas lui : à part un autobus, qu’est-il capable d’arrêter ?
JULIE – C’est vrai qu’il n’a pas l’air très doué mais il pourrait en parler à ses collègues.
FRANÇOIS – Doué ? Il a réussi à confondre braqueurs et policiers en civil lors de la fameuse attaque de la banque. Il est parvenu à immobiliser dans le sas d’entrée cinq flics, ce qui a permis aux gangsters de prendre la fuite. Un vrai caïd, le Laurent. On l’a même soupçonné de complicité avec les bandits. (Le portable de Julie, qu’elle tenait toujours en main, vibre.)
JULIE – Mon Dieu ! François, ma main vibre, je n’ose pas regarder !
FRANÇOIS – Mais c’est ton portable, Julie !
JULIE – Ah oui ! Allô !…Nous parlions justement de toi. Quoi ?…Ne pas les contrarier ? Mais pourrais-tu m’expliquer ?…Mais nous n’allons pas les attendre, nous retournons chez nous…Rester ?...Sinon, ils peuvent incendier l’immeuble ? Mais explique-moi, au moins !... Tu n’as pas le temps ?…Mais dans quelle histoire t’es-tu fourrée ? Gabrielle ! Gabrielle !... Elle a coupé.
FRANÇOIS – Que se passe-t-il ?
JULIE – Elle dit que des camarades vont arriver.
FRANÇOIS – Des camarades ? La voilà convertie au communisme maintenant, alors qu’elle n’a jamais voté socialiste de sa vie.
JULIE – François, je t’en prie : arrête tes bêtises. Les camarades en question sont des membres de la secte qui viendraient ici pour brûler l’immeuble. Tu n’as pas entendu ?
FRANÇOIS – Si, vaguement.
JULIE – Il faut qu’on reste pour les en empêcher.
FRANÇOIS – Manquait plus que ça, nous voilà les derniers remparts de la civilisation. Bon ! on appelle la police.
JULIE – Non, attends !
FRANÇOIS – Attendre ? Tu préfères que l’appartement de ta sœur soit réduit en cendres ?
JULIE – Non, mais si on appelle la police, Gabrielle risque aussi d’avoir de sérieux ennuis, attendons de connaître le fin mot de l’histoire.
FRANÇOIS – Bien ! Préparons un petit comité de réception, alors. Sais-tu si elle possède un revolver ou un fusil ?
JULIE – Elle ? Mais enfin, tu la connais aussi bien que moi : tu sais qu’elle ne ferait pas de mal à une mouche. Elle a horreur de la violence.
FRANÇOIS – Elle a peut-être changé, depuis six mois. Avant, c’était une bonne catholique, une grenouille de bénitier. Maintenant, elle fraie avec un rapace, un gourou, elle joue à la grenouille…dans un lac aux requins…et je ne te parle pas des piranhas.
JULIE – Arrête tes comparaisons stupides, cherchons plutôt une solution.
FRANÇOIS – Je vais plutôt chercher une mitrailleuse (Il se dirige côté cour, vers la cuisine.)
JULIE – Une mitrailleuse ?…Dans la cuisine ?
FRANÇOIS – Au minimum, j’y trouverai un couteau, un long couteau.
JULIE – Mais tu es fou ! Tu ne vas quand même pas te battre, les tuer ?
FRANÇOIS – Je croyais que tu préférais ne pas appeler la police. (Il sort.)
JULIE – Mon Dieu ! Dans quoi sommes-nous embarqués ? Il sombre dans la démence. Mais que faire ? Ma sœur est rentrée dans une secte ! Ma sœur est rentrée dans une secte ! Gabrielle, dans quel sombre guêpier es-tu allée te fourrer, et nous, par la même occasion ?
FRANÇOIS (revenant avec un long couteau) – S’ils attaquent avec leurs canifs, ils n’ont aucune chance. (Il regarde la lame puis la caresse.) Il faut toujours avoir une longueur d’avance.
JULIE – Je me demande si, finalement, nous ne ferions pas mieux d’appeler la police.
FRANÇOIS – Faisons-leur d’abord un peu peur. Toujours une longueur d’avance, comme je le disais : s’ils sortent un canif, je sors mon couteau ; s’ils dégainent un revolver, je les arrose au fusil-mitrailleur et s’ils arrivent avec leurs chars, je leur envoie l’aviation. (Il est grimpé sur une chaise et singe la scène.)
JULIE – François, qu’est-ce que tu racontes ? Cette histoire te monte à la tête. Tu n’es pas devant ta télévision, c’est la réalité.
FRANÇOIS – Si on ne peut plus rigoler.
JULIE – Il s’agit de ma sœur…
FRANÇOIS – Et de nous, ne l’oublie pas. (Avec emphase.) Les derniers remparts de la civilisation, Julie, la société compte sur nous.
JULIE (en aparté) – Il devient fou ! Le moindre petit chien lui fait peur et il est prêt à attaquer les membres d’une secte qui sont peut-être armés jusqu’aux dents.
FRANÇOIS (même jeu) – Julie, le destin nous a choisis.
JULIE – Eh bien, il n’a pas tiré le gros lot, le destin, crois-moi. Moi non plus d’ailleurs, mes parents me l’avaient bien dit : le mariage, c’est une loterie, il faut tirer le bon numéro. Tu parles, ce ne sont pas les bonnes boules qui sont sorties pour moi.
FRANÇOIS – Qu’est-ce que tu racontes encore ? Tu verras, tu seras fière de ton François.
JULIE – Fière quand j’irai reconnaître ton corps à la morgue ? Sûrement pas.
FRANÇOIS – Comme si tu avais besoin de reconnaître mon corps, tu le connais par cœur ce petit corps d’amour.
JULIE – C’est ça, vante-toi.
FRANÇOIS – Un corps de guerrier, ma Julie, un corps de guerrier ! (Il fait quelques mouvements avec le couteau.)
JULIE – Attention, tu vas te couper !
FRANÇOIS – Ce sont eux que je vais couper…en petits morceaux.
JULIE – François, tu vas me faire le plaisir de déposer ce couteau et de prendre un calmant.
FRANÇOIS – Tu veux me mettre hors de combat le jour du débarquement ?
JULIE – Il devient fou à lier.
FRANÇOIS – C’est ça : je suis du côté des fous alliés et en face il y a les fous ennemis.
JULIE (à François) – Mais nous ne sommes pas en juin 1944, ni en guerre. Mon Dieu ! il est mûr pour l’asile.
FRANÇOIS – Si c’est d’asile politique dont tu parles, on verra bien ce qu’ils proposent. Mais je n’ai pas tellement envie de discuter avec des gens pareils.
JULIE – François, je t’en conjure, fumons le calumet de la paix : va remettre ce couteau à la cuisine.
FRANÇOIS – Tu sais bien que je ne fume pas.
JULIE – Va remettre ce couteau à la cuisine.
FRANÇOIS – Si tu y tiens.
JULIE – Oui, j’y tiens et je tiens surtout à la vie.
FRANÇOIS – Tes désirs sont des ordres, princesse, rangeons nos armes de guerre…momentanément. (Il part dans la cuisine.)
JULIE – Mais qu’est-ce qui lui prend ? Je ne l’ai jamais vu dans un état pareil. (On sonne à la porte, elle sursaute.) François ! Au secours ! Au secours ! (Il revient.) Mais qu’est-ce que tu as fait de ton couteau ? Va vite le chercher.
FRANÇOIS – Mais tu viens de me dire d’aller le ranger.
JULIE – Oui, c’est juste, mais je me sens tellement angoissée depuis qu’on a sonné.
FRANÇOIS – Du calme, Julie, rien ne dit que ce sont eux, c’est peut-être le facteur.
JULIE – Le facteur, à bientôt 19 heures ?
FRANÇOIS – Et alors ? C’est un facteur de nuit.
JULIE – François, tu n’as plus toute ta tête.
FRANÇOIS – Si… et profites-en au cas où ils me décapiteraient. (On sonne à nouveau.)
JULIE – Imbécile ! Comment peux-tu plaisanter dans des moments pareils !...Où as-tu déposé le couteau ?
FRANÇOIS – Sur la table pour qu’il soit accessible rapidement.
JULIE – Bien. Tu vas aller ouvrir, pendant que je te couvre depuis la cuisine où je serai prête à bondir avec le couteau.
FRANÇOIS – Tu as jeté le calumet de la paix à la poubelle ? Te voilà prête à en découdre...pour qu’il faille ensuite les recoudre ?
JULIE – J’espère bien que non. Je pars dans la cuisine, va ouvrir. (Elle sort.)
FRANÇOIS – A vos ordres, Madame la Générale. (On sonne. Elle revient.)
JULIE – S’ils parlent de brûler l’appartement, ne les laisse pas rentrer. (Elle retourne dans la cuisine.)
FRANÇOIS – C’est ça, je les repousse sans armes sur le palier. (On sonne encore. Il crie.) Oui, ça va, il n’y a pas le feu !
JULIE (bondissant) – Tu le fais exprès ?
FRANÇOIS – Quoi ? Qu’est-ce qui se passe encore ?
JULIE – Il n’y a pas le feu ! Mais enfin, surveille ton langage, pas de provocation avec ces énergumènes. (Elle ressort.)
FRANÇOIS – Allons-y François, le jour de gloire est arrivé. (Il disparaît dans le hall pour aller ouvrir.)

SCENE 2 : SIMON, ALINE, MARIE, FRANÇOIS et JULIE

SIMON (en voix off) – J’apporte la lumière, mon frère.
ALINE et MARIE (même jeu et en choeur) – La lumière, la lumière !
FRANÇOIS (en voix off) – La lumière ? (La scène s’éclaire totalement. Il rentre en regardant en l’air.) Ça alors, elle est revenue !
JULIE (passant la tête timidement par la porte de la cuisine) – Qui est-ce, François ?
FRANÇOIS (rentrant) – Une bande d’illuminés, ma chérie !
SIMON (le suivant, fâché) – Comment ça « Une bande d’illuminés » ?
FRANÇOIS – Je…je voulais dire…les électriciens…les électriciens sont là. (Se tournant vers la cuisine.) Chérie, les électriciens sont là. (Aline et Marie sont rentrées également, porteuses tout comme François, d’un attaché-case et vêtues d’un long imper.)
JULIE (arrivant en tenant le grand couteau) – Les électriciens ? Tant mieux, François, tant mieux.
FRANÇOIS – Tu vois qu’il ne faut pas tout voir… en noir, Julie, ils ont fini par arriver les…les… électriciens.
SIMON – Les électriciens ?
ALINE – Vous vous moquez de nous ?
MARIE – Oui, ça m’en a tout l’air.
JULIE (entraînant François, en aparté) – Mais pourquoi les appelles-tu ainsi ? Tu as oublié de prendre ton médicament ?
FRANÇOIS – Je ne sais pas, je me sens tout excité.
JULIE (vers les autres) – Mais oui, les électriciens, c’est…c’est comme ça que nous appelons les membres de la sec…enfin de la communauté.
SIMON – Parce que vous en faites partie ?
FRANÇOIS – Heu !…Oui…Gabrielle nous a convaincus.
ALINE – Mais on ne vous connaît pas ! (Se tournant vers Marie.) Tu les connais, toi ?
MARIE – Jamais vus, si tu veux mon avis : ce n’est pas clair, ça sent le faisan.
JULIE – Le faisan ? Mais non ! Vous pouvez aller vérifier dans la cuisine. (Elle pointe son couteau dans cette direction mais, dans son mouvement, blesse François à la main droite.)
FRANÇOIS – Aïe ! Mais c’est moi qui vais être découpé en petits morceaux ! Et par ma femme encore bien !
JULIE – Mon Dieu ! François, je t’ai fait mal ?
FRANÇOIS – Non, je fais semblant.
JULIE – Mais tu saignes !
FRANÇOIS – Non, c’est mon rouge à lèvres qui a coulé.
JULIE – Idiot !
FRANÇOIS – Après la blessure, les insultes ! Je suis un homme battu, harcelé…
JULIE – François, arrête, je t’en prie.
FRANÇOIS – Bien, mais nous règlerons ça plus tard.
JULIE – Si tu veux mais pour l’instant, nous avons d’autres chats à fouetter.
FRANÇOIS (soupirant) – Pauvres bêtes. (Il sort un mouchoir et compresse sa blessure.)
SIMON (suspicieux) – Alors, comme ça, vous feriez partie de…de…notre communauté, comme vous dites.
ALINE – Mais ce n’est pas parce que nous sommes arrivés à trois que nous formons une communauté. (Puis à Marie.) N’est-ce pas, Marie ?
MARIE – Tout à fait, Aline, n’empêche que ça sent le faisan.
JULIE – Mais je vous assure : allez vérifier dans la cuisine.
SIMON – En tout cas, si vous en faites partie, nous ne nous sommes pourtant jamais rencontrés.
FRANÇOIS – …C’est…c’est normal…
JULIE – Oui, tout à fait normal. (Puis à François, en aparté.) Laisse-moi parler et si tu as ton médicament sur toi, c’est le moment d’aller le prendre discrètement dans la cuisine.
ALINE – Normal ?
JULIE – Oui, normal…Nous…nous faisons partie de la régionale belge…Nous venons d’arriver en France cet après-midi. Mais asseyez-vous, je vous en prie. (Ils s’assoient.)
ALINE – Une régionale ?
MARIE – Jamais entendu parler de ça, c’est bien ce que je disais : ça sent le faisan !
FRANÇOIS (se dirigeant vers la cuisine en reniflant) – Personnellement, je ne sens rien.
JULIE (le suivant) – Moi non plus et pourtant j’ai le nez fin.
FRANÇOIS – Tandis que le mien est plus gros. N’est-ce pas, Julie ? Tu me dis régulièrement que j’ai un gros nez.
JULIE (aux autres) – Ne l’écoutez pas, il dit des bêtises ! (Puis à François.) Tu n’as pas ton médicament sur toi ?
FRANÇOIS – Non, ça fait deux jours que je ne le prends plus, terminé les calmants.
JULIE – On voit le résultat.
FRANÇOIS – Et le résultat de ta maladresse, tu le vois également ? (Il montre sa main.)
SIMON – Si nous en revenions à la régionale ? Parce que moi non plus, je n’en ai jamais entendu parler.
FRANÇOIS – Moi non plus, si ça peut vous rassurer. (Puis en aparté.) Je ne savais pas non plus que j’étais Belge.
SIMON – Vous non plus, ça ne m’étonne pas.
JULIE – Enfin…régionale …C’est…c’est un projet…Je n’en ai pas encore parlé à mon mari, je me disais : pourquoi ne pas créer une régionale en Belgique ? Et nous venions nous présenter…pour être parmi vous…pour entrer dans…la communauté…enfin le groupe.
(Tout en expliquant, elle s’est déplacée et en faisant de grands gestes avec le couteau, elle a failli blesser plusieurs fois ses interlocuteurs.)
FRANÇOIS – Oui, nous avons l’esprit de groupe, nous ne sommes pas…sectaires.
ALINE – Sectaires ?
MARIE (en aparté) – Je l’avais dit : ça sent le faisan.
JULIE (à François) – Toujours le mot pour rire, « sectaires », tu veux dire que nous aimons bien les gens…les contacts avec les gens. (Elle touche avec le couteau l’épaule de Simon.)
FRANÇOIS – Oui, on aime bien les prises…de contacts, pas les prises… électriques…
comme vous les électriciens. (Il se met à rire.)
JULIE (en aparté) – Mon Dieu ! il n’a plus toute sa tête.
ALINE – Les électriciens ?
MARIE – C’est reparti !
JULIE – Les électriciens ?...Ah oui ! les électriciens… C’est…le…le nom qu’on vous donne en Belgique.
SIMON – On nous appelle comme ça en Belgique ?
FRANÇOIS – Oui. Vous n’étiez pas au courant ? (Il rit de plus belle.)
ALINE – Non !
MARIE – Ça sent le roussi !
JULIE – Je vous avais dit que ça ne sentait pas le faisan…Le roussi ? Vous m’inquiétez, je vais aller voir à la cuisine. Viens, François, j’aurai peut-être besoin de toi.
FRANÇOIS – Moi, je suis hors de combat, un Belge hors de combat. (Montrant sa main blessée, puis à Julie, en aparté.) Mais on ne peut pas les laisser seuls s’ils veulent incendier l’appartement !
JULIE (même jeu) – Nous serons prêts à intervenir et nous allons les écouter discrètement pour connaître leurs intentions. (Puis normalement.) Va dans la cuisine, je vais chercher des pansements à côté.
FRANÇOIS – Donne-moi d’abord ton couteau, je serai plus tranquille. (Elle le lui jette, il l’attrape mal et crie.) Aïe ! La main gauche à présent, c’est malin !
JULIE – Ce que tu peux être douillet ! (Puis elle sort à l’avant-scène, côté cour.)
FRANÇOIS – Je t’ai dit : « Donne », pas « Jette » ! (Puis aux autres.) C’est…une femme dangereuse.
MARIE – Nous avons vu. (Julie revient.)
JULIE – Voilà ton infirmière. (Elle part dans la cuisine. François la suit.)
FRANÇOIS – Pourvu qu’elle ne pratique pas l’euthanasie. (Il rentre dans la cuisine.)
SIMON – Nous sommes sur la bonne piste.
ALINE – Visiblement, il s’agit bien d’une secte.
MARIE – Et s’il s’agit bien de la fameuse secte du feu, il sera peut-être question à un moment ou un autre de bouter le feu à l’appartement.
SIMON – Jouons le jeu à fond, continuons à nous faire passer pour des membres.
MARIE – Mais leurs explications ne sont pas très claires.
ALINE – Ces gens-là n’ont pas toutes leurs facultés…ou ils sont peut-être sous l’emprise d’une drogue.
MARIE (avec un grand sourire) – C’est stupéfiant !
SIMON – Ecoute, Marie, nous ne sommes pas ici pour rigoler comme l’autre imbécile.
MARIE – O.K., chef, O.K. !
SIMON – Ils sont peut-être occupés à nous espionner, faisons mine de rien, laissons-nous aller à quelques incantations.
ALINE – Des incantations ? Qu’est-ce que c’est ?
MARIE – Oui, nous verrons bien à leur réaction s’ils sont vraiment des membres actifs de la secte.
SIMON – En tout cas, ils ne devaient pas connaître les trois autres que nous avons interceptés tout juste avant qu’ils ne sonnent.
MARIE – Ou alors ils jouent drôlement bien la comédie.
SIMON – C’est ce que nous allons essayer de voir. Faites comme moi.
(Il prend un chandelier, le pose à l’avant-scène, s’agenouille, les mains vers le ciel.) Ô feu ! Ô feu ! (Les deux autres, d’abord perplexes, l’imitent ensuite.)
LES TROIS (en chœur) – Ô feu ! Ô feu ! (Julie, tenant un petit extincteur, arrive en courant après quelques instants, suivie de François, dont la main droite arbore un volumineux pansement. Il compresse sa main gauche avec un mouchoir.)
JULIE – Vite ! Il faut l’éteindre, il faut l’éteindre !
FRANÇOIS – Mais je ne vois rien.
JULIE – Mais pourquoi criiez-vous « Au feu ! Au feu ! » ?
ALINE (regardant Marie) – Tu as crié « Au feu ! » ?
MARIE – Non. (Puis regardant Simon.) Vous avez crié « Au feu ! » ?
SIMON – Mais non !
JULIE – Mais si voyons, vous avez crié.
SIMON (réalisant) – Ah ! je comprends. Nous n’avons pas crié « Au feu ! » mais (Avec de
grands gestes.) « Ô feu ! » (Julie et François se regardent, perplexes.) Nous nous adressions au feu en disant « Ô feu ! » (Agenouillé, les mains levées.), vous n’avez pas saisi ?
JULIE – Si. Maintenant que vous le dites.
FRANÇOIS – Oui, eh bien moi, je n’ai rien compris !
JULIE – Toi, tu ne comprends jamais rien ! Retournons à la cuisine, je vais m’occuper de ta main gauche à présent. (Ils repartent dans la cuisine tandis que les trois visiteurs glissent leur attaché-case sous le canapé.)

SCENE 3 : SIMON, ALINE, MARIE puis FRANÇOIS et JULIE

MARIE – Alors, quid ?
SIMON – Quoi quid ?
ALINE – Ils ne font pas partie de la secte, ça me paraît évident.
MARIE – Tu viens de dire le contraire il y a à peine deux minutes. Moi, je vous répète ce que je venais de vous dire : ils peuvent jouer la comédie.
SIMON (réfléchissant) – Possible. Ils attendaient trois personnes qu’ils connaissaient, en voilà trois autres inconnues qui débarquent. Ils se méfient…
MARIE – Et ils jouent la comédie.
ALINE – Oui, ça se tient.
MARIE – Mais si ça se tient, alors ça sent aussi le faisan.
SIMON – Faisan ou pas faisan, nous sommes ici pour traquer le gibier, tirer les choses au clair et comprendre le rôle exact joué par cette Gabrielle qui apparemment serait une victime…
ALINE – Mais comme rien n’est sûr.
MARIE – Il faut tirer les choses au clair, comme vous dites.
SIMON – Bien ! Restons donc sur nos gardes.
ALINE (très enthousiaste) – Et s’ils jouent la comédie, jouons-la aussi pour en avoir le cœur net. On continue les « Ô feu ! Ô feu ! » ?
SIMON – Eventuellement.
ALINE – Comment ça éventuellement ? Allez, je vous en prie !
MARIE – Si ça peut lui faire plaisir, nous n’avons rien à perdre.
SIMON – O.K., réessayons, alors. (Il s’agenouille, les mains levées.) Ô feu ! Ô feu ! (Les deux autres l’imitent.)
LES TROIS (en chœur) – Ô feu ! Ô feu ! (Ils regardent vers la porte de la cuisine.) Ô feu ! Ô feu !
(Ils regardent à nouveau vers la porte de la cuisine. Marie va voir puis revient.)
MARIE (regardant Aline) – Ils n’ont pas l’air de revenir. (Puis regardant Simon.) Vous m’avez déjà dit et répété que je commençais dans le métier, que j’avais beaucoup de choses à apprendre mais là franchement, je me sens un peu bête.
ALINE (regardant Marie) – Moi, j’aime bien.
MARIE – Pas moi. (Puis regardant Simon.) Qu’en pense le chef ?
SIMON – Tu sais ce qu’il dit le chef ?
MARIE – Je ne tiens pas à le savoir, ce que je devine me suffit.
ALINE – Quelle est la suite du programme puisqu’ils ne reviennent pas ? On les embarque au poste pour un interrogatoire musclé ?
SIMON – Et on perd toute chance de remonter la filière… Ça ne m’étonne pas que vous soyez copines toutes les deux.
MARIE – Ah oui ! Et pourquoi ?
SIMON – Qui se ressemble s’assemble. Vous avez encore beaucoup de progrès à faire, pour comprendre comment on agit sur le terrain.
MARIE – Merci…spécialement pour Aline qui vous accompagne depuis…
ALINE – …cinq ans et on ne peut pas dire que vous m’ayez appris la bonne méthode, alors !
SIMON – Vous…vous m’énervez. Allez voir si ceux que nous avons interceptés ont commencé à parler.
(Marie prend le chandelier et va le redéposer sur un petit meuble du fond.)
ALINE – Mais il suffit de téléphoner.
SIMON – Pour que nos deux suspects soient au courant ? Les murs ont des oreilles.
ALINE – Les murs ont des oreilles ?
MARIE – Aline, on peut nous entendre.
ALINE – Sorry, j’étais pas au courant…et j’aurais dû puisque je suis électricienne. (Avec un grand sourire.)
SIMON (lassé) – Bon ! Allez téléphoner dehors.
ALINE – Mais ils ne vont pas trouver bizarre qu’on ne soit plus là ?
SIMON – Je leur dirai que vous êtes allées fumer une cigarette, que vous ne vouliez pas polluer leur intérieur.
MARIE – Est-ce que ce n’est pas un prétexte pour nous écarter de l’enquête ?
ALINE – Oui, pour que toute la gloire retombe sur vos seules épaules.
MARIE – Allez hop ! On se débarrasse des femmes, c’est tellement plus facile.
ALINE – Tellement plus macho.
SIMON – Vous savez ce qu’il vous dit le macho ?
ALINE – La même chose qu’un facho et ça n’a rien de joli.
SIMON (très énervé) – Vous savez ce que vous dit le chef facho et macho ?
ALINE – Des choses trop audibles pour nos deux suspects de la cuisine.
MARIE – Vous feriez donc bien mieux de vous taire…ou alors d’aller discrètement les cuisiner…
ALINE – …dans la cuisine, on ne peut rêver plus bel endroit…
MARIE – …pour les faire se mettre à table...et cracher le morceau.
ALINE – Pendant ce temps-là, nous irons fumer notre cigarette dehors.
MARIE – Pour des non-fumeuses, ça paraîtra très naturel.
ALINE – Mais c’est pour ne pas polluer leur intérieur, Marie, ça change tout.
MARIE – J’ai compris : il s’agit de notre contribution au sauvetage de la planète.
ALINE (à Simon) – Mais il fallait le dire tout de suite alors, au lieu de vous retrancher derrière des prétextes.
MARIE – Il n’osait pas, Aline. C’est qu’il est timide, derrière son aspect macho facho bourru, notre chef.
SIMON – Votre chef vous prépare un rapport corsé, vous verrez.
MARIE – C’est tout vu, je suis syndiquée.
SIMON – Déjà ?
ALINE – C’est moi qui le lui ai conseillé.
SIMON – Tiens, comme c’est étonnant !
ALINE – Comme on assure sa voiture, on se syndique, c’est on ne peut plus naturel.
MARIE – Et ils sont de bon conseil au syndicat, mieux qu’un chef.
SIMON – Bon ! je ne voudrais pas vous presser, mais je crois que vos fausses cigarettes s’impatientent.
MARIE – Vous d’abord.
SIMON – Quoi « moi d’abord » ? Je ne fume pas non plus.
MARIE – Allez cuisiner les suspects, nous sortirons ensuite.
ALINE – Excellente idée, Marie : le chef agit d’abord, ses subordonnés, ensuite.
SIMON – Bien ! Je vois que je n’ai pas le choix, je vais donc montrer l’exemple aux subordonnés, aux moins favorisés intellectuellement.
ALINE – Tu entends ça, Marie ?
MARIE – Oui, il va falloir le dénoncer au syndicat.
ALINE – Ils ne demandent que ça : casser du chef.
MARIE – S’il y a bien une chose qu’ils ne supportent pas, c’est l’abus d’autorité.
ALINE – Le complexe de supériorité.
MARIE – C’est souvent le reflet d’une frustration. Mais a-t-il lu Freud pour trouver réponse à ses problèmes ?
ALINE – Lu qui ?
SIMON – Vous savez ce qu’il vous dit le frustré qui n’a pas lu Freud ?
MARIE – Que ça sent le faisan ? (Marie et Aline se mettent à rire.)
ALINE – Alors, si ça sent le faisan, c’est dans la cuisine.
MARIE – Allez les cuisiner.
SIMON – J’y vais…pour éviter la guerre…pas celle des polices…mais plutôt la guerre de la police. (Il se rapproche de la porte de la cuisine et y frappe.) Alors, ça sent toujours le faisan ?…Pas de réponse. Tant pis ! (En regardant Aline et Marie.) Vous m’avez énervé, je fonce. (Il sort un revolver et rentre très vite dans la cuisine.)
MARIE – Il va tout gâcher.
ALINE – C’est une vraie attitude de chef, ça !
MARIE – Ce n’est surtout pas très intelligent. (On sonne.)
ALINE – Mince ! Qu’est-ce qu’on fait ?
MARIE – Il y a un judas, va voir si tu reconnais quelqu’un.
(Aline se précipite, sort par le hall puis revient très vite.)
ALINE – Qu’est-ce que c’est un judas ?
MARIE – Le petit trou qui te permet de voir qui est de l’autre côté de la porte.
(Aline se précipite à nouveau et revient tout aussi vite.)
ALINE – Un gars mais il n’est pas de chez nous. (On sonne à nouveau.) Il s’impatiente.
MARIE – Je vais aller ouvrir. Toi, va neutraliser le chef à côté pour qu’il ne fasse pas de bêtise.
ALINE – Tu crois ? Et si on restait plutôt ensemble ?
(On sonne encore. Simon, armé d’un revolver, ressort de la cuisine avec Julie et François, dont les deux mains sont à présent pansées.)
JULIE – Mais qu’est-ce qui vous prend ? En plus, nous n’avons même pas été présentés.
SIMON – Je m’appelle Simon Leroc, mais je ne vois pas en quoi cela pourra éclairer votre lanterne. De toute façon, je ne sais pas non plus comment vous vous appelez.
FRANÇOIS – François et…
JULIE – ...Julie Gourou… Heu !… Qu’est-ce que je raconte, moi ? Gouvenou, Gouvenou !
FRANÇOIS (à Simon) – C’est son nom et quand je l’ai épousée…
SIMON (sèchement) – Je me fous de votre histoire de couple.
JULIE – Restez poli. Et pourquoi nous menacer avec un revolver en nous parlant de griller, de mettre le feu ?
FRANÇOIS – Mais tu n’as pas compris, Julie ? C’est parce que c’est un dur à cuire.
JULIE – Un dur à cuire ? Tu vas me faire le plaisir de reprendre un calmant.
FRANÇOIS (très agité) – Mais tu m’énerves avec tes calmants.
SIMON (à Julie) – Vous voulez que je vous explique comment on va griller ?
JULIE – Non, non, ça ira, j’ai déjà des amis qui ont été incinérés, je connais le principe.
(On sonne à nouveau.)
SIMON (à Aline et Marie) – Ce sont peut-être des clients pour nous. Allez ouvrir, je retourne faire la cuisine.
JULIE – Faire la cuisine ?
SIMON – Cuisiner, vous cuisiner, si vous préférez parce que je suis un flic si vous voulez tout savoir.
FRANÇOIS (à Julie) – Ce n’est pas notre jour de chance : il est cannibale et policier par-dessus le marché.
JULIE – Imbécile ! (Ils repartent à trois dans la cuisine. On sonne encore. Marie et Aline enlèvent leur imper qu’elles accrochent rapidement à un portemanteau.)
MARIE (à Julie) – Curieuse tactique : pourquoi avoir révélé qu’il était policier ? Bien, j’y vais. Toi, va l’aider à cuisiner.
ALINE – J’y cours. (Elle se précipite dans la cuisine tandis que Marie va ouvrir.)

SCENE 4 : MARIE et JACQUES

JACQUES (rentrant vêtu d’une veste de cyclotouriste) – J’ai failli repartir alors que j’avais tant attendu ce rendez-vous.
MARIE – Ce rendez-vous ?
JACQUES – Mais oui, vous ne vous souvenez plus ?
MARIE – Heu !…Si bien sûr…mais j’ai tellement de choses en tête.
JACQUES – Enfin, nous allons pouvoir parler !
MARIE – Parler ?
JACQUES – Mais oui, au téléphone, je n’aurais pas pu vous dire tout ce que j’avais sur le cœur.
MARIE – Heu !…Oui…forcément…et…
JACQUES – On arrive à tout avec Internet, c’est fantastique !
MARIE – Avec Internet ? Vous m’avez trouvée sur Internet ?
JACQUES – Oui, c’est plus rapide que dans l’annuaire traditionnel.
MARIE – Et vous ne m’avez pas vue auparavant ?
JACQUES – Non.
MARIE (en aparté) – Mince ! Cette Gabrielle avait fait une connaissance sur Internet et sans webcam apparemment.
JACQUES – Alors, on y va ?
MARIE – Mais où çà ?
JACQUES – Sur le canapé.
MARIE – Sur le canapé ?
JACQUES – Mais oui. Je m’allonge ?
MARIE – Mais pourquoi voulez-vous vous allonger ?
JACQUES – Mais on fait toujours comme ça.
MARIE – On fait toujours comme ça ?
JACQUES – Mais oui, allez, on y va ?
MARIE – Mais je ne sais encore rien de vous, je dois apprendre à vous connaître.
JACQUES – Justement, c’est pour que nous nous connaissions mieux.
MARIE – Mais moi, je ne commence pas par là, c’est plutôt un aboutissement.
JACQUES – Pourtant, sur Internet, c’est souvent comme ça qu’on présente les choses.
MARIE – Oui, mais je suis plutôt de la vieille école, vous savez, il me faut du temps (Puis en aparté en grimaçant.)…et de l’envie, non mais, il ne doute de rien celui-là !
JACQUES – Allez ! On y va ? J’attends ce moment depuis tellement longtemps.
MARIE – Ah bon ?
JACQUES – Oui. Me retrouver enfin sur le canapé, c’est comme un fantasme.
MARIE – Un fantasme ?
JACQUES – J’ai attendu tellement longtemps avant d’oser…mais là il faut que je me soulage… (Il enlève sa veste et la lance sur le canapé. Il porte un maillot cycliste de la même marque que la veste qu’il vient d’ôter.)
MARIE – Vous soulager ?
JACQUES – Oui, sur le canapé…
MARIE – Heu !…Attendez un moment…(Elle frappe discrètement à la porte de la cuisine.)
JACQUES – Alors, on y va ?
MARIE – Non…on n’a pas le temps.
JACQUES – On n’a pas le temps ?
MARIE – Heu !…non, on va d’abord aller à l’essentiel.
JACQUES – Et ensuite sur le canapé.
MARIE – Vous n’êtes pas du genre timide, il me semble ?
JACQUES – Si, justement, je vous l’ai dit, j’attends ce moment depuis si longtemps, je n’osais pas.
MARIE – Visiblement, ça va mieux.
JACQUES – En ce moment, oui mais pas toujours, c’est pour ça qu’il faut en profiter…
MARIE – Pour vous soulager…
JACQUES – Sur le canapé.
MARIE – Sur le canapé, évidemment.
JACQUES – Evidemment. Où voulez-vous que je puisse me soulager avec vous ? Vous en avez l’habitude, de toute façon.
MARIE (en aparté) – L’habitude ? Mais il me prend pour qui, ce gros cochon ?
JACQUES (en caressant le canapé) – Ce canapé, il a dû en voir de toutes les couleurs.
MARIE (embarrassée) – Heu !…Je ne sais pas, moi ! Et puis ça ne vous regarde pas.
JACQUES – Le fameux secret professionnel, c’est juste, veuillez m’excusez.
MARIE (songeuse) – Le secret professionnel ?
JACQUES – Oui. Vous n’allez pas raconter les confessions de vos patients, c’est normal.
MARIE (même jeu) – Mes patients ?
JACQUES – Et le docteur Leturcq fait pareil, évidemment, sans ça, ce n’est pas très sérieux.
MARIE – Le docteur Leturcq ?
JACQUES – Mais oui, je l’ai vu sur la plaque.
MARIE – Sur la plaque ?
JACQUES – Docteur, vous êtes sûre que vous allez bien ?
MARIE (perplexe) – Oui, oui…excusez-moi, je suis un peu distraite en ce moment. Mais de quelle plaque me parlez-vous ?
JACQUES – Mais de celle qui se trouve à côté de la porte, sur la façade…C’est curieux, sur Internet, on ne renseignait que votre nom et pas celui du docteur Leturcq.
MARIE (réalisant) – Je comprends….Vous avez vu la plaque sur la façade…
JACQUES – Même un aveugle ne pourrait pas la rater.
MARIE – C’est vrai qu’elle est grande.
JACQUES – Et lisible.
MARIE – Et lisible. Rien ne vous échappe mais rappelez-moi vos coordonnées…pour le dossier.
JACQUES – Vite alors et ensuite…
MARIE – Le canapé, j’avais compris. (Ils rient tous les deux.) Vous vous appelez donc ?
JACQUES – Heu !…Jacques…Jacques Houille.
MARIE – Vous vous êtes fait mal ?
JACQUES – Mais non, pourquoi ?
MARIE – Vous avez dit « Ouille ».
JACQUES (d’abord en aparté) – J’aurais dû y penser. (Puis normalement.) Mais c’est mon nom ! Jacques Houille…Monsieur Houille Jacques…Jacques Houille… (Elle le regarde bizarrement.) Tout va bien docteur ?
MARIE – Tout va bien monsieur Houille, veuillez m’excuser, j’ai simplement eu une journée chargée.
JACQUES – Et vous êtes prête à tirer alors ?
MARIE – Prête à tirer ?
JACQUES – Chargée…Prête à tirer…Comme dit mon cousin Max, qui est dans la police, elle est bonne, hein ?
MARIE – Dans la police, lui aussi ?
JACQUES – Pourquoi « lui aussi ? »
MARIE – Parce que…parce que j’ai beaucoup de patients policiers…C’est normal, ils sont très stressés.
JACQUES – Pas Max, si vous le connaissiez…Stressé lui… (Il sourit.)

SCENE 5 : MARIE, JACQUES et SIMON

SIMON (rentrant, à Marie) – Tout va bien ?
JACQUES – Bonjour docteur.
SIMON (très surpris) – Docteur ? (Puis en aparté.) J’ai déjà vu des malades au cours de ma carrière mais au point de m’appeler « docteur »…Enfin, jouons le jeu. (Il enlève son imper puis se dirige vers Jacques.) Alors, comme ça, on ne se sent pas bien ? Allongez-vous, mon vieux, que je vous examine…
MARIE – Mais…mais…
SIMON – Pas de « mais », on travaille en équipe.
JACQUES – Mais qu’est-ce que vous faites ? (Simon commence à palper son ventre.)
SIMON – A mon avis, le foie doit être sensible…ou alors, ce sont les intestins.
MARIE (en aparté) – Quel con, mais alors quel con !
JACQUES – Mais enfin, je croyais qu’on allait s’occuper de mon esprit ici, pas de mon corps.
SIMON – Il faut faire les deux, vous avez entendu parler des maladies psychosomatiques, je suppose ?
JACQUES – …Oui…Vous pensez que c’est ce qui m’arrive ?
SIMON – Je ne le pense pas, j’en suis sûr. S’occuper de votre esprit, me disiez-vous…Vous pouvez préciser ?
JACQUES – C’est dans la tête que j’ai des problèmes, docteur Leturcq.
SIMON (étonné) – Docteur Leturcq ?
MARIE – Mais oui, il connaît votre nom, il a lu la plaque : Gouvenou et Leturcq.
SIMON – La plaque ?
MARIE – La plaque sur la façade…La façade de l’immeuble…L’immeuble construit en briques…Les briques…
SIMON – Ça va, j’ai compris : pas d’excès de zèle !
MARIE – J’essayais seulement de vous aider.
SIMON (revenant à Jacques) – Des problèmes…et on cherche alors la consolation auprès d’amis, de connaissances…d’associations,…de…groupements, de… communautés,…de…sectes…vous vous êtes déjà laissé tenté ?
MARIE (en aparté) – Quelle finesse ! « Secte », le mot est déjà lâché.
SIMON – Un gars comme vous, je vois tout de suite que vous vous êtes laissé tenté.
JACQUES – Tenté ? En ce moment ? Heu !…à part mon envie de…enfin de… (Il désigne le canapé.)
SIMON (s’éloignant) – Oui, je vois.
JACQUES – Que voyez-vous docteur ?
SIMON – Rien…Rien de spécial, je vais vous poser quelques questions.
JACQUES (trépignant) – Oui, c’est ça que je veux, le canapé et répondre vite en un mot à celui que vous me direz. (Simon, surpris, regarde Marie.)
MARIE (à Simon) – Ah oui ! il veut absolument aller sur le canapé…
JACQUES (même jeu) – C’est mon fantasme : me retrouver chez un psy sur le canapé et répondre très vite à un mot par un autre, c’est toujours comme ça qu’on les voit à la télévision !
SIMON – Qui « les » ?
JACQUES – Mais les acteurs dans les films, voyons ! Et comme les films montrent la réalité, fatalement…
SIMON (consterné) – Quel sens de la déduction !
MARIE – C’est sûrement de famille parce que monsieur a un cousin dans la police.
JACQUES – Oui et si Max me voyait.
SIMON – Max ?
MARIE – Il s’appelle Max.
SIMON (désignant Jacques) – Qui, lui ?
MARIE – Non, son cousin.
JACQUES – Si vous le connaissiez : il n’arrête pas avec ses jeux de mots et ses blagues. Vous voulez que je vous en raconte une ?
SIMON (irrité) – Non, merci ! Sans façon.
MARIE – Nous n’avons pas le temps, il se fait tard.
JACQUES – Oui, c’est vrai. Alors je me concentre et je réponds à chacun de vos mots. Je suis prêt. (Marie et Simon se regardent embarrassés.)
SIMON (à Marie en aparté) – J’ai mieux à faire, tu m’expédies cet hurluberlu vite fait bien fait, qu’il ne traîne plus dans nos pattes.
MARIE (en aparté à Simon) – O.K., je le confesse rapidos, histoire de voir ce qu’il a dans le ventre et je le renvoie à ses chères études.
SIMON (désignant la cuisine) – J’ai encore des questions à poser, j’y retourne.
MARIE (même jeu) – Mais pourquoi leur avoir révélé que vous étiez policier ?
SIMON – Ils me paraissent sincères, j’ai donc décidé…
JACQUES – Alors, ça vient ? (Simon et Marie se retournent étonnés.)
MARIE – On y va, ne vous inquiétez pas.
SIMON (à Marie, toujours en aparté) – J’ai donc décidé de leur faire confiance. (Désignant Jacques.) Tu me le flanques dehors à la vitesse grand V ! (Il rentre dans la cuisine.)
MARIE – Alors, qu’est-ce qui vous amène ici ? Quel est votre problème ?
JACQUES – Mais on va découvrir justement ce qui se cache derrière mon fantasme : me retrouver chez un psy sur le canapé et répondre très vite à un mot par un autre, allez ! je vous en prie, je n’en peux plus.
MARIE (agacée) – C’est tout ce dont vous avez envie : m’entendre vous dire quelques mots ?
JACQUES – J’ai aussi envie de m’acheter un nouveau vélo mais ça, c’est une autre histoire.
MARIE – Bien, concentrez-vous.
JACQUES – Je suis prêt, je suis prêt ! (Elle réfléchit assez longtemps.) Alors, ça vient ?
MARIE – Si vous croyez que c’est facile…
JACQUES – Mais vous n’avez pas des listes de mots préétablies ?
MARIE – Heu !…non…chaque cas est différent…Attention, nous allons commencer.
JACQUES – Je suis prêt, je suis prêt !
MARIE – Concentrez-vous, parlons d’abord de votre envie: vélo.
JACQUES – Bicyclette.
MARIE – Soleil.
JACQUES – Rayon.
MARIE – Foire.
JACQUES – Roue, grande roue.
MARIE – Vous avez gardé votre coeur d’enfant.
JACQUES (impatient) – Continuez, continuez, je vous en prie.
MARIE – Oui, bon ! Il n’y a pas le feu.
JACQUES – Rouge.
MARIE – Quoi « rouge » ?
JACQUES – Vous m’avez dit « feu », j’ai répondu « rouge ».
MARIE – Soit ! Attention : homosexualité !
JACQUES – Pédale.
MARIE – Ordinateur.
JACQUES – Bécane.
MARIE – Poivre.
JACQUES – Selle.
MARIE (en aparté) – J’ai encore décroché le gros lot.
JACQUES (tout excité) – Alors, alors ?
MARIE – Alors, quoi ?
JACQUES (même jeu) – La suite, la suite !
MARIE – O.K., mais on ne va pas s’éterniser avec ces mots, j’ai autre chose à faire. Bien, attention : on se reconcentre.
JACQUES (même jeu) – Je suis prêt, je suis prêt !
MARIE (d’une voix lasse) – Voiture.
JACQUES – Pneu.
MARIE – Volant.
JACQUES – Guidon.
MARIE – Heu !…Tableau.
JACQUES – Cadre.
MARIE – Musique.
JACQUES – Tube.
MARIE (de plus en plus lassée) – Je…je ne sais plus…essayons…France.
JACQUES – Tour.
MARIE – Disons…Belgique.
JACQUES – Eddy Merckx. (Renversé dans le canapé, les jambes en l’air, il pédale.)
MARIE – Si j’osais…Heu !…secte.
JACQUES – Groupe…Heu ! non…peloton, c’est ça peloton.
MARIE (en aparté) – Bon sang ! c’est une obsession.
JACQUES – C’est terminé ?
MARIE – Je crois que ça suffit, en effet, j’ai ma dose.
JACQUES – Dopage !
MARIE (en aparté) – Bon ! ça ne s’arrange pas.
JACQUES (qui se redresse et s’assied sur le canapé) – Alors docteur, votre diagnostic ?
MARIE – Mon diagnostic ?
JACQUES – Mais oui, vous devez bien avoir une petite idée de mes problèmes.
MARIE – Vous savez, ce n’est que la première consultation.
JACQUES – Vous n’osez pas me le dire, c’est ça ? C’est donc grave, n’est-ce pas ?
MARIE – Non…c’est…relativement banal…il y a vous…et…
JACQUES – Moi et ?
MARIE – Vous et…le vélo.
JACQUES – Et alors ?
MARIE – C’est…c’est un dédoublement de la personnalité, c’est banal, je vous dis…
JACQUES – Mais que dois-je faire ?
MARIE – Vous…vous m’attendez, je passe à côté demander conseil au docteur Leturcq…
JACQUES – Vous voyez que c’est grave !
MARIE – Mais non, c’est…banal mais…
JACQUES – Mais ?
MARIE – C’est parce qu’il est question de vélo. Vous savez, je n’y connais rien. Un homme sera mieux placé pour analyser le phénomène.
JACQUES (qui se tasse pour s’allonger à nouveau sur le canapé) – Vous me prenez pour un phénomène : vous voyez que c’est grave.
MARIE – Mais non, vous me comprenez mal. Je voulais dire pour analyser le cas, votre cas, le docteur Leturcq sera mieux placé.
SIMON (revenant et n’apercevant pas Jacques) – Il est reparti, cet abruti ?
MARIE (lui faisant signe de se taire) – Bon appétit… oui, bon appétit à vous aussi, docteur.
JACQUES (se redressant) – Ah ! c’est vous docteur, figurez-vous que…
MARIE – Figurez-vous que vous allez repartir chez vous et que…
JACQUES – Mais le diagnostic ?
SIMON – Le diagnostic ?
MARIE (à Simon) – Oui, nous allons en parler ensemble et nous écrirons à monsieur.
SIMON – Lui écrire ? Oui…Oui, nous lui écrirons…pour lui faire part du…
MARIE – …diagnostic et…et…
SIMON - …le reconvoquer, s’il y a lieu, pour un autre rendez-vous et…et…
MARIE – …un traitement.
JACQUES – Oh oui, un traitement, j’ai sûrement besoin d’un traitement, c’est ce que me disait souvent ma femme avant…enfin…avant…
SIMON – Avant ?
JACQUES – …de mourir…. Je…je vais repartir…
MARIE – Votre femme est morte ? Nous sommes sincèrement désolés, monsieur Houille.
SIMON (à Marie) – Vous vous êtes fait mal, Marie ?
MARIE – Mais non, pourquoi ?
SIMON – Mais vous avez dit « Ouille ».
JACQUES – Elle s’adressait à moi : Jacques Houille, monsieur Houille Jacques, Jacques Houille…C’est mon nom… Vous, c’est Leturcq, moi c’est Houille : Jacques Houille…Enfin, je vais vous laisser…(Il fait mine de sortir mais revient alors que Marie et Simon se dirigent déjà vers la cuisine.) Si vous saviez comme on a ri le jour de l’enterrement.
SIMON – Quel enterrement ?
JACQUES – Mais celui de ma femme.
SIMON – Ah oui ! votre femme, parfaitement ! Veuillez m’excuser.
JACQUES – Mon cousin Max n’a pas arrêté de raconter des bêtises.
SIMON – Votre cousin Max ?
MARIE – Mais oui, celui qui est dans la police, voyons !
SIMON – Oui ! J’avais oublié. Enfin, bref, Monsieur va repartir à présent. Nous ne vous raccompagnons pas, vous allez retrouver la porte pour sortir, je présume ?
JACQUES – Oui, quand je suis passé une fois…
SIMON (perdant patience) – Vous connaissez le chemin par cœur. Au revoir, Monsieur Houille.
JACQUES – Au revoir. (Il fait à nouveau mine de sortir puis se ravise.) Dites, il faut quand même que je vous raconte la dernière blague de Max, elle est vraiment trop bonne.
SIMON (énervé) – Ce sera pour la prochaine…
MARIE – …consultation, puisque vous allez revenir pour une seconde…
SIMON – …consultation ! Nous avons déjà envie de l’entendre. Il faudra même noter : « Demander à monsieur Houille qu’il nous raconte la dernière blague de Max. »
(Marie écrit, Jacques s’est rapproché du bureau et se penche.)
JACQUES – Houille avec un h.
MARIE – Eh bien, au revoir, monsieur Houille avec un h, au plaisir.
JACQUES – Oui, au plaisir comme vous dites, je vais vous laisser.
SIMON – C’est ça, laissez-nous, monsieur, nous vous recontacterons pour une prochaine...
MARIE – …consultation.
SIMON – C’est ça : consultation, une prochaine consultation.
JACQUES – Eh bien, au revoir. (Il s’avance.)
SIMON – Au revoir.
MARIE – Au revoir, monsieur Houille. (Elle le raccompagne. Il sort par le hall, à l’avant-scène, côté jardin mais revient aussitôt.)
JACQUES – Ma veste, j’ai oublié ma veste !
SIMON – Votre veste ? (Il va la chercher et la remet à Marie.) La voici.
MARIE – Et voilà votre veste, monsieur Houille.
JACQUES – Avec un h.
MARIE – Avec un h, parfaitement. Au revoir, monsieur Houille avec un h.
JACQUES – Merci et au revoir. (Il sort, poussé par Simon et Marie.)
SIMON – Au revoir.
JACQUES (revenant) – Excusez-moi mais en enfilant ma veste…
MARIE – Quoi en enfilant votre veste ?
JACQUES – J’ai senti mon portefeuille.
SIMON – Et alors ?
JACQUES – Alors, je me suis dit : « Eh bien, mon vieux Jacques Houille, puisque c’est mon nom fatalement, vous c’est Leturcq moi c’est Houille… »
SIMON – Venez-en au fait, monsieur Houille, nous sommes pressés.
JACQUES – Oui, je me suis dit : « Eh bien, mon vieux Jacques Houille, tu pars sans payer ta consultation. »
SIMON – Ce n’est pas grave. D’ailleurs, on ne paie jamais la première…
MARIE – …consultation. Vous paierez quand vous reviendrez puisqu’il y aura une seconde…
SIMON – …consultation, parfaitement.
MARIE – Au revoir, monsieur Houille. (Ils le poussent dehors et repartent ensuite vers la cuisine.)
JACQUES (revenant encore) – Je ne vous ai pas remercié.
SIMON – Remercié ?
JACQUES – Oui, vous ne m’avez pas fait payer la consultation, alors je voulais vous dire…
SIMON – Vous direz merci à la prochaine…
MARIE – …consultation puisque vous allez revenir pour une deuxième…
SIMON – …consultation. D’ailleurs, on ne dit jamais merci à la première…
MARIE – …consultation puisque vous allez revenir pour une deuxième…
SIMON – …consultation. Et maintenant…
MARIE et SIMON (en chœur et poussant Jacques dehors) – …au revoir, monsieur Houille.
JACQUES (en voix off) – Au revoir et merci !
SIMON – Ouf ! Encore un cas celui-là. Quel pot de colle ! Il aurait dû s’appeler Glu au lieu de Houille. Bien ! Passons à côté pour être tous sur la même longueur d’onde… (Il marche vers la cuisine.)
MARIE – …et compléter nos informations sur cette fameuse Gabrielle…
SIMON – …qu’ils ont l’air de comparer à un ange incapable de faire de mal à une mouche.
MARIE (souriant) – L’ange Gabrielle, c’est bien connu. Et en plus, je m’appelle Marie, vous vous rendez compte ?
SIMON – Non, la seule chose dont je me rende compte, c’est que nous perdons notre temps. (Il rentre très vite dans la cuisine.)
MARIE – Mais enfin, Marie, comme la Vierge…L’ange Gabrielle et la Vierge Marie…
(Elle sort à son tour.)

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