Pierre Mertens

  • Écrit / Son / Audiovisuel / Spectacle vivant

Les phoques de San Francisco

Où on voit un écrivain célèbre proposer à un débutant de reconstituer la vérité de sa vie et rendre justice au bonheur que lui-même fut incapable d'exprimer dans son oeuvre. Mais était-ce un rêve ou un cauchemar ? (La loyauté du contrat.) Où on découvre qu'un menu chagrin peut équilibrer - et compromettre - toute la gloire du monde. (Qu'est-ce que tu deviens ?) Où il est rappelé que point n'est nécessaire d'aller en Uruguay pour rencontrer Lautréamont, ce que l'on savait déjà, mais la chose peut entraîner d'incalculables conséquences. (Souvenir de Montevideo.) Où on constate que l'existence peut devenir aussi arbitraire que les plus mauvaises lectures. (Une vie illisible.) Où il s'avère que les murs qui entourent les villes ne s'effondrent pas toujours vers l'intérieur, et que la liberté des uns peut faire la servitude des autres. (A l'aller elle préfère le retour.) Où il apparaît que, dans les congrès d'écrivains, les coulisses importent davantage que la scène, et que, quand on aime, on peut réduire à néant les décalages horaires. (Les phoques de San Francisco.) Il faut supposer Faust intelligent, échangeant parfois son rôle avec le diable en inversant les termes du pacte. On peut imaginer Ulysse n'ayant pas effectué le moindre détour pour rejoindre sa compagne. Ces textes qui jouent à saute-mouton les uns avec les autres, et qui enfourchent des tigres, composent le roman vrai de nos désenchantements et de nos euphories. A propos : on trouve vraiment des phoques à San Francisco. P. Mertens, quatrième de couverture, éd. du Seuil.

Fiche

Visuel
Année
1991
Édition
Seuil