Tina Noiret

  • Écrit / Spectacle vivant / Multimedia / Audiovisuel

La femme invisible

extrait

Ensuite, elle faisait souvent ce rêve, toujours à peu près le même. Elle habitait toujours la grande maison, qu’elle quittait en prévenant son compagnon qu’une amie viendrait. Elle lui demandait d’accueillir celle-ci honorablement en attendant son retour. Vêtue d’un niqab des pieds à la tête, elle revenait dans l’après-midi frapper à sa propre porte, incognito. Il lui ouvrait, à peine intrigué, ne reconnaissait pas sa compagne et, amène, proposait un siège et un thé à la forme inconnue. Longuement, le fantôme immobile masqué de noir attendait là sans rien dire, dans une demi-méditation. Elle restait immobile devant toutes les richesses étalées, les miroirs, les amples consoles, les divans profonds, les flacons. Des heures de contemplation s’écoulaient sans parole. Simone de Beauvoir ne pouvait plus rien pour personne, sinon s’éclipser sur la pointe des pieds. Serrée dans un silence mystique, encore rehaussé par cet habit qui révulse et fascine, bien droite sur sa chaise, la robe longue des corbeaux traîne jusqu’à terre et balaie le sol. Les mains sont emmitouflées dans des gants et les cheveux invisibles, effacés, réservés au seul Seigneur et maître, qui qu’il soit dans ce monde ou dans l’autre. Lecture d'un extrait de : https://www.amazon.fr/femme-invisible-Tina-Noiret-ebook/dp/B015VN2H6U

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