Tina Noiret

  • Écrit / Spectacle vivant / Multimedia / Audiovisuel

La Poétesse épisode 3

La Beauté - Charles Baudelaire

  La video consiste en une mise en abyme d'un poème de Charles Baudelaire : La Beauté. Ce texte appartient à la première section du recueil "Les Fleurs du Mal", Spleen et Idéal. Par une mise en scène minimaliste consistant en une peinture et un habillage (robe, collier, etc...) le lecteur/auditeur/spectateur/internaute est invité à un dialogue intercréatif. Avec rien (rem), on fait La Chose. Le jeu est l'improvisation et l'on garde l'imperfection du premier jet (problèmes de son) comme témoignage d'imperfection mais aussi de dépouillement. Extrait Elle « trône » telle une reine « dans l'azur ». Son royaume est le ciel , ce qui fait penser à une déesse,à quoi fait écho une espèce de lumière divine revisitée sous la formule « clartés éternelles ». Dans toutes ses caractéristiques l'on reconnaît une ambivalence, une tension entre des opposés : à la fois rêve mais rêve de pierre, ce qui dénote une certaine dureté à la fois sein, symbole féminin, amoureux, maternel, nourricier et à la fois « meurtris » et « tour à tour » qui indique l'infidélité - Il y a une idée de blessure, de douleur dans cette beauté « où chacun s'est meurtri tour à tour » et d'infidélité dans le « tour à tour », comme une référence aux « traîtres yeux » de l'invitation au voyage – ou de « moi mon âme est fêlée » du poème Spleen... La Beauté inspire l'amour, un amour « éternel » mais cet amour est MUET », il ne s'exprime pas et qui plus est muet « ainsi que la matière » la matière qui est plus que silencieuse, dure, compacte, inerte, figée, ce qui nous fait penser à une statue, ce qui sera induit encore par les « fiers monuments » au quatrain suivant, ou même à la mort – en tous cas à qqchse d'immobile, de hiératique, de dur, d'éternel. La métaphore de la sculpture est souvent utilisée par le mouvement littéraire Le Parnasse pour symboliser la résistance de la « matière poétique ». Au même moment et en même temps La Beauté est connotée positivement et négativement, ce qui crée une tension. - muet : absence de parole éloquente mais on a aussi - incompris : absence de compréhension - blancheur : absence de couleur - haîr : absence et négation d'amour - « jamais ne «  est répété deux fois, négation etc... Tension dans la forme et dans le fond Tension dans la forme Car cette tension se retrouve aussi dans la condensation de la structure. Le sonnet est par essence une forme condensée qui dit beaucoup de choses en peu de mots. 14 vers pour tout dire, ici tout dire de La Beauté et de son rapport aux poètes. On voit qu'il y a une opposition entre les quatrains et les sonnets par le changement de sujet. Le sujet est je dans les quatrains tandis que dans les tercets ce sont « les poètes ». Cela crée un paradoxe entre l'inhumanité de cette beauté et l'amour absolu que lui voue le poète. En nous parlant de cette déesse inaccessible et insensible, Baudelaire nous parle de sa condition de poète, être souffrant, meurtri et soumis (cf. « dociles amants ») tiraillé entre le spleen et l'idéal. Dans ce poème La Beauté, on lit donc les grandes idées du mouvement littéraire le Parnasse d'une part et la conception de Baudelaire sur une beauté tiraillée entre spleen et idéal. https://www.youtube.com/watch?v=i_D_W63n-w8&t=136s

Fiche

Visuel
Année
2017