"SCENE1 Une salle de séjour très chic. Une femme de corpulence assez forte, essaye de couper la longue chevelure de sa fille. La mère : Tu vois ma fille, cheveux coupés, esprit aéré. Avec ce minois exquis que tu as, tout le monde t'envieras. La fille : Papa rentre quand ? La mère : Ton père a toujours couru le monde. Et c'est très bien comme ça. La fille : J'ai mal au ventre. La mère : Tu as beaucoup de chance de ne pas avoir hérité de mes migraines, ma chérie. C'est ça qu'il faut te dire. La mère tend un miroir à sa fille. La mère : Regarde. La fille se regarde dans le miroir. La mère : Ca te rajeuni, tu ne trouves pas ? Tu en as de la chance. Temps. La fille : On a eu un cours d'éducation sexuelle aujourd'hui. La mère : C'est formidable chérie, le professeur était gentil ? La fille : On a parlé de " sexe ", de "pénis ", de " vagin " et de " pénétration ". Temps. La mère : Je vais ramasser tes cheveux. Si tu veux je te garde une mèche. Tu veux que je te garde une mèche en souvenir ? Elle ramasse les cheveux. La mère : Tu sais il y a un plus joli nom pour " pénis ", c'est " kiki ". " Kiki ", c'est gentil, c'est mignon. Si tu avais eu un petit frère, il aurait eu un joli petit " kiki ". Parles-en à ton professeur tu verras. La fille : Papa, il rentre quand ? La mère prend sa fille dans ses bras. La mère : Il te manque, n'est-ce pas ? A moi aussi. Mais ce soir nous serons tous les trois réunis. Tu es contente? Temps . La fille : Maman ? La mère : Oui.. La fille : Non. Rien. La jeune fille se lève et sort. La mère reste un moment immobile. Noir. SCENE 2 La salle à manger. Une très grande table. Sur la table des verres en cristal. La mère , le père et la fille sont à table. La jeune fille joue avec son couteau sur un verre et le fait tinter. La mère : Tu dois être éreinté mon chéri, toutes ces heures de vols Le père : Mais non La fille : Je peux quitter la table ? Le père : Pour aller où ? La fille : Au lit. J'ai mal au ventre. La mère : Petite chérie tu commences ta vie de femme, c'est tout. Va au lit mon poussin. Le père : Qu'est-ce que ça veut dire ? La mère : Enfin Paul, tu sais bien, ce n'est plus une enfant maintenant. Va au lit ma chérie, et papa viendra de faire un gros poutou, parce que demain, il part pour deux longues semaines La fille se lève et sort. Silence. Ils mangent. La mère : Ca te plaît ? C'est une recette que j'essaye pour la première fois tu sais , alors j'aimerais avoir ton avis. Le père : Qu'est-ce qu'elle a ? La mère : Oh tu sais elle a ses petits soucis, comme toutes le filles de son âge. Ca lui passera. Tu ne manges plus ? Le père : Je n'ai plus faim. Temps. Le père : Elle a un petit copain ? Elle t'as dit quelque chose. La mère : Comment veux-tu que je le sache ? Elle ne me dit jamais rien. C'est un âge tu sais… Le père : Je t'ai dit de faire attention. Je n'ai pas envie que ma fille se ramène un jour avec un polichinelle dans le tiroir et un polonais accroché à ses basques. Ils sont partout ces polaks. On ne les voit plus tellement il y en a. Ils magouillent dans notre dos et font tout pour s'incruster dans le paysage. Ca ne leur suffit plus d'engrosser nos femmes, bientôt ils se présenteront aux élections, tu verras, et on trouvera ça normal. Ca t'arrive d'ouvrir les yeux ? De regarder ce qui se passe quand tu mets les pieds dehors ? La mère : J'ai beaucoup de travail ici, figures-toi. Le père : Tu as le temps pourtant de t'occuper d'elle, non ? Je me décarcasse pour que vous ayez le cul dans le beurre, tu peux bien essayer au moins d'être au courant de ce que ta fille traficote dans notre dos ? La mère : Va lui parler, toi, puisque tu es si malin. Temps Le père : Je vais lui parler. Il boit son verre d'un trait, s'en ressert un autre et le vide aussi sec. Il sort. La mère reste seule, tripotant son assiette. Elle se sert elle aussi un verre de vin en tremblant légèrement et le boit d'un trait. Elle recommence l'opération plusieurs fois de suite. SCENE 3 La salle à manger. La mère dort la tête dans son assiette. Elle ronfle légèrement. La jeune fille entre et s'avance doucement près de sa mère comme une ombre. Elle tient dans sa main le couteau avec lequel elle faisait tinter le verre. La fille(bas) : Maman ?Maman ?Tu dors ?Il faut que tu viennes Maman…Vite.. Silence. La fille : Papa est couché par terre. Il ne bouge plus. J'ai peur. Je lui avais dit pourtant… Mais il ne m'entendait pas, il ne m'écoutait pas,il ne m'écoute jamais… Maman ? La fille se couche par terre, en boule. La fille : J'avais si mal au ventre Le noir vient progressivement."