Ecrire

Publié le  06.03.2014

Un jour, on se dit : j'écris. C'est alors que ça commence. Dans le fait de le dire. De se le dire pour avoir le courage de le faire lire aux autres. Pourtant, d'aussi longtemps qu'on s'en souvienne, on écrivait et ça allait de soi. Pas la peine de le dire. On était scolarisé : on faisait du sport, on connaissait les tables de multiplications et on apprenait à écrire.

 

Mais un jour quelque chose, par devers nous, s'est passé. A notre insu, on passe de l'autre côté. Des mots nous tracent, commencent leur chemin dans notre existence.  Des mots, d'autres mots et d'autres encore. Des mots qui sont, avant tout, des lignes de fuite. On les suit, on n'aura de cesse de les suivre parce que l'écriture nous y engage. Traversés de mots, on les écrit, on les fait lire. Les mots, toujours sauvages, circulent. Ils nous habitent. On les expulse, puis les appelle. Ca y est, ils circonscrivent notre devenir.

 

Un jour, donc, on quitte les bancs d'école. On dit : mon métier c'est d'écrire. Quelques petites publications éparses sont nos cartes de visite. On vaque à l'air libre, on fait d'autres études. Car, ça ne s'apprend pas, l'écriture. Ca s'attend, ça s'apprivoise. Ca se teste, se laisse murir. Ca disparait souvent. Longtemps. Ca nous quitte l'écriture. Elle, a son propre devenir, qui n'épouse pas toujours nos lignes de fuite, nos méandres. Pendant ce temps, les publications bruissent, commencent à nous précéder. Parlant de nous, on dit : « il écrit ». Ce qui nous rassure.  Car ça ne va plus de soi. Et même lorsqu'on écrit pas, on est « celui qui écrit ». Un jour, on est engagé par l'écriture et ce sont les longs silences blancs qui nous le disent.

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