En direct de Cannes: l'écho du Comité - par Inès Rabadán

Publié le  23.05.2017

Inès Rabadán est réalisatrice et scénariste. Présidente du comité belge de la SACD, elle fait partie de la délégation belge à Cannes. Elle nous livre ici ses impressions. En direct de Cannes pour Bela, voici l'écho du comité !

 

Conversation avec Manon Coubia, un dimanche matin non loin de Cannes.

À l’heure où je lui téléphone ce dimanche matin, Manon n’a pas encore mis les pieds sur la croisette. Elle boit un café dans le canapé de sa cousine, quelque part dans l’arrière-pays. Elle est, comme elle le dit, « au bord de Cannes » et repousse peut-être un peu le moment de prendre le train qui l’amènera dans le vacarme du festival. « Tu m’appelles juste avant que je sois énervée par Cannes ! »

Peut-on dire que son court métrage, sélectionné à la Semaine de la Critique, est le film belge à Cannes cette année ?

Les enfants partent à l’aube n’a pas reçu de financement en Belgique, et Manon est née en Haute-Savoie.
Pourtant, Manon me dit que, pour elle, le cinéma s’est surtout construit en Belgique : elle a étudié à l’INSAS, a créé une association pour produire documentaires et courts, a en Belgique des collaborateurs précieux. « J’arrive de Bruxelles, avec ce film ! Et j’aimais bien l’idée de faire jouer un militaire français à un acteur belge [Yoann Zimmer] ! »

Être soutenue là où on travaille, c’est aussi la possibilité pour une autrice comme elle, de co-produire son propre film, et donc de pouvoir défendre une manière de faire. Avec Les enfants partent à l’aube, Manon a découvert une autre logique de production avec laquelle il a fallu composer. Sans compter les délais avant de passer à l’acte qui se diluent dans des étapes successives de financements. Mais sans la France, ce film-là n’aurait jamais vu le jour.

Est-ce que produire le film en France lui a permis de le rendre plus visible ? Peut-être. Même si ses précédents films - L’immense retour, primé à Locarno l’an dernier, et Bleu cerise, un court documentaire - ont contribué à faire reconnaitre son travail. Elle revendique la fierté de ce travail, sans arrogance.

Entre Belgique et France, et entre documentaire et fiction, c’est par ces deux bouts-là qu’il faut observer le cinéma de Manon Coubia. Et ça la mettrait presque en colère de se souvenir qu’on l’a cataloguée documentariste quand elle demandait du soutien pour une fiction, comme si le cinéma ne pouvait pas échapper à ces cases.

Pareil pour le format : Manon n’a pas l’intention de se laisser enfermer, ni dans le court, ni dans l’obligation de passer au long. La liberté du court métrage, elle veut la préserver, quel que soit le film qu’elle va réaliser.

Quand je lui demande quelles cinéastes l’inspirent, Manon me parle de Kelly Reichardt, et pas seulement de ses films. Il y a aussi une personnalité : « Elle est courageuse, elle s’affirme et revendique une certaine indépendance. »

Plus tard, devant le palais, je croise Manon, telle que je la connais, cette belle personne qui pense aller voir la sélection de l’ACID. Et je me dis que sa présence fait du bien à la croisette !

http://www.semainedelacritique.com/fr/realisateurs/manon-coubia

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