Stéphanie Pécourt ou l'art du focus à l'étranger - Focus Hong Kong

Publié le  25.06.2015

Dans le cadre du Focus consacré à la scène belge au Hong Kong Arts Centre (en collaboration avec Wallonie-Bruxelles Théâtre/Danse), Sylvia Botella nous envoie des billets-haïkus en direct (ou presque) de là-bas! Du 20 au 28 juin, Hong Kong accueille: Julien Maire (Video Installation), Thierry De MeyLouise Vanneste (Contemporary Dance Video, Experimental Cinema), Thierry SmitsSimon Siegmann(Choreography & Scenography Masterclass), Wooshing Machine (Contemporary Dance showcase: double bill with local choreographer series from Masterclass).

 

STÉPHANIE PÉCOURT OU L’ART DU FOCUS À L’ÉTRANGER

#day4entretienavecStéphaniePécourtdirectricedeWBT/D  

 

En 2014,  à l’occasion de la résidence d’un de nos artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) à la School creative media Hong Kong, j’ai contacté la direction du Hong Kong Arts Centre. Je lui ai proposé d’accueillir des artistes belges. D’emblée, elle a manifesté un grand enthousiasme et les relations se sont tissées très vite. Elle connaissait déjà la Belgique mais plus précisément les artistes flamands.

Dans un premier temps, je leur ai adressé différents dossiers de création en théâtre, danse, arts vidéo et numériques parce que le Hong Kong Arts Centre a un département Nouvelles technologies. Il collabore notamment avec le Festival Ars Numerica. Il a examiné très rapidement les dossiers de candidatures et nous avons convenu d’une programmation multidisciplinaire qui s’articulerait autour d’un workshop, d’une installation et d’une performance live qui serait une création.

Le travail du performeur Mauro Paccagnella les a particulièrement séduits ; en outre, il a déjà été programmé en Chine et à Hong-Kong. Le travail de l’artiste nouveaux médias Julien Maire a déjà été programmé au Hong Kong Arts Centre, il nous a semblé donc pertinent de poursuivre la collaboration. Concernant le Workshop, nous l’avons d’abord confié au chorégraphe Pierre Droulers, malheureusement il a été contraint d’y renoncer. Je l’ai donc proposé au chorégraphe Thierry Smits qui mène un travail remarquable sur la grammaire chorégraphique, le développement d’une pièce et ses différents aspects dramaturgiques. L’artiste plasticien et scénographe Simon Siegmann s’est également imposé très vite en raison de ses collaborations multiples avec le secteur de la danse. De même pour les chorégraphes Louise Vanneste et Thierry De Mey présents au travers de vidéos, aussi.

 

L’objectif du focus à Hong-Kong est d’accroître la visibilité de nos opérateurs et acteurs culturels sur place. Autrement dit, il s’agit de faire en sorte que nos artistes puissent revenir à Hong-Kong avec de nouvelles créations et d’autres workshops. Ici, les artistes belges sont vraiment considérés comme d’excellents artistes avec des pratiques novatrices. Notre envie est de prolonger le focus par des partenariats académiques et des travaux liés à la professionnalisation du secteur.

Concrètement, qu’attendons-nous ? Des futures collaborations avec le Hong Kong Arts Centre, les Halles de Schaerbeek qui ont accepté d’être le relais d’une création asiatique à Bruxelles, le Hong Kong Arts Festival et d’autres opérateurs hongkongais.

Le rêve serait que des coproductions puissent se dégager, qu’une compagnie belge puisse bénéficier d’une coproduction hongkongaise et vice-versa. Comme pour tous les focus, l’objectif est de générer du partenariat sur du long terme. Certes, c’est très sexy d’avoir une programmation d’une semaine à Hong Kong mais le principal enjeu est de faire en sorte que les relations qu’on pourrait qualifier d’opportunes deviennent des relations structurelles.

Par exemple, le focus à Tel Aviv en 2014, c’était une première. Chacun sait combien les relations tant commerciales qu’artistiques avec Israël sont très ténues. Suite à Objectif Danse, nous avons eu l’opportunité de mettre en place un focus rassemblant cinq chorégraphes – parmi les plus connus : la compagnie Mossoux-Bonté -, ce qui a permis de créer un nouveau programme de résidence. Ainsi, en 2015, la chorégraphe et interprète Ayelen Parolin va y être en résidence pendant deux mois, tandis qu’une chorégraphe israélienne viendra en résidence aux Brigittines. En outre, Israël a coproduit deux installations de performeurs belges.

Il y a bien sûr d’autres conséquences : la coproduction. Le Focus en Finlande dans lequel étaient programmés notamment les chorégraphes Pierre Droulers et Thomas Hauert a permis à ce dernier de dégager une coproduction. Pareil pour T.R.A.N.S.I.T. S. C.A.P.E, suite à sa programmation dans le focus en Estonie. Aux Etats-Unis, cela nous permis de dégager un marché ; chaque année, depuis trois ans, nous dégageons un minimum de cinq dates.

L’initiative focus, c’est un levier qui nous permet de sensibiliser des programmateurs en une seule fois et de mener, dans le même temps, un vrai travail de prospection. Chaque focus a suscité de nouvelles mises en marché, coproductions et programmes de résidences qui doivent être aussi soutenus par Wallonie-Bruxelles International. Nous espérons que les réflexions en cours aboutiront à ce sujet-là. Pour nous, comme pour les artistes, pouvoir travailler sur un territoire, c’est beaucoup plus intéressant que d’avoir une date sur une saison. Cela permet un travail et une pénétration du territoire plus importante.

Le focus hongkongais est particulièrement intéressant dans la mesure où il s’articule autour de plusieurs axes. C’est la première fois que nous y intégrons la dimension workshop. Je pense que c’est la bonne formule. Plus aucune scène ne veut être perçue seulement comme un lieu d’achats. Les programmateurs étrangers souhaitent développer de vrais partenariats, non seulement avec les scènes mais aussi les artistes. Le modèle hongkongais inspire la nécessité de dégager des partenariats entre nos directeurs et les scènes étrangères. Apparaît aussi une dimension essentielle : avoir une proposition multiple, polymorphe avec des collaborations académiques. C’est la première fois que nous expérimentons cette voie. C’est très inspirant. Les prochains focus s’enrichiront de rencontres, de conférences, de tout ce qui atteste notre scène, ses spécificités et vitalités.

Ce qui est fondamental, c’est d’être radical. Ce sont les pièces les plus singulières qui s’exportent. Ce qui intéresse le programmateur étranger, c’est l’inédit. Autrement dit une création qui se distingue radicalement de ce qui est déjà représenté.  Il n’a aucun intérêt à programmer une pièce qui a la même esthétique que celle qu’il présente déjà ou coproduit. Je dis aux artistes : « Radicalisez votre propos et concevez des projets qui sont disposés à tourner avec des formes et des distributions adéquates ! (sourire) »

 

>>>>Friday *FOCUS FWB SOLD OUT IN HKAC !

#makingthedifference

 

Propos recueillis le 26 juin, 13 :15 (heure locale), Hong Kong Arts Centre.

 

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