Après le déluge

Wavre, chronique de l'inondation de juillet 2021

De mémoire de Wavrie·nes, on n'avait jamais vu ça : la Dyle qui déborde de plus de trois mètres par endroit, soixante rues et places inondées,  plus de 1600 bâtiments envahis par l'eau, 677 tonnes de déchets. 

Diane Platteeuw et Marie-Pierre Jadin sont libraires. De ce désastre professionnel et privé, intime et collectif, elles ont décidé de garder trace en sollicitant la mémoire des Wavrien•nes, citoyen•nes ou acteur•rices de terrain. 

Du récit de ces journées, sous la plume des habitant·es, des sinistré·es ou du personnel de terrain, on retiendra l'angoisse, l'impuissance, la tristesse ou la colère. Les moments intenses passés à nettoyer, jeter, déblayer, trier, réparer. Mais surtout l'immense solidarité qui régna pendant ces journées dramatiques. La fiction, l'émotion, l'humour se glissent au détour de certaines pages. L'histoire de la ville et de la rivière, et la réflexion sur l'urbanisation et sur les changements climatiques, invitent à tirer de ces évènements des enseignements pour l'avenir.

De la grande inondation de juillet 2021, voici le récit, la trace et la mémoire.

 

 

Une initiative de la librairie Claudine

Coordination : Dominique Costermans

Photographie : Marc Lerchs


 

Fiche

Visuel
Année
2022
Édition
Académia

Extrait

Je n’avais jamais vu une chose pareille, ni entendu dire que cela avait eu lieu de mémoire d’homme. Quand j’ai compris que l’eau boueuse ne s’arrêterait pas aux trois marches de pierre bleue qui mènent au perron de la maison, j’ai eu l’intuition, oserais-je dire funèbre ? que je ne pourrais rien faire pour empêcher le désastre. Bobby, mon chien, s’était réfugié sur l’escalier qui conduit à l’étage. Il gémissait et là non plus, je ne l’avais jamais vu comme ça. Les sacs de sable fournis par la commune n'avaient pas pu jouer leur rôle et avaient coulé, remparts dérisoires face à la force du courant. Des débris divers flottaient çà et là. Une odeur douçâtre (gaz, mazout ?) flottait, elle aussi, mais dans l’air, cette fois. C’est quand je vis la télévision partir avec le courant que je me dis que tout était foutu. Du haut de son grenier, mon crétin de voisin filmait ou prenait des photos, je ne sais pas. Il avait peut-être l’intention de raconter tout cela un jour à ses petits-enfants ? Sa vie minable dans cette petite ville sans passion s’en trouverait ornée d’une aura d’imprévu…