Jean-Marie Piemme

  • Écrit / Spectacle vivant / Son / Audiovisuel

Le texte, un matériau à travailler

Réflexion sur le théâtre parue dans Alternatives théâtrales, n°75.

Fiche

Année
2002

Extrait

Ce que j’aime bien dans les naissances, c’est qu’on y fait des expériences. Voilà. Expériences de textes qui ne vous atteignent pas du tout. Ça dure un quart d’heure et c’est un blanc et il ne se passe rien et puis le quart d’heure suivant, il y a une expérience forte. Ça a un côté foire, ça a un côté « on s’promène et on regarde », on prend, on capte et de temps en temps on entend des choses très pointues, on voit des choses très pointues. Ce qui me paraît fondamental, c’est le geste général. Et de trouver sa façon à soi d’entrer en expérience avec tout ça. Et de ce point de vue-là, j’aimais bien aussi revoir les textes dans d’autres lieux. Pas seulement dans d’autres mises en scène, mais dans d’autres lieux, dans d’autres espaces. Cette idée-là pour moi est de l’ordre de l’expérience, de la sensation, elle est à des niveaux extrêmement différents. Elle convoque les niveaux les plus immédiats du plaisir et au-delà, des niveaux plus importants. J’aime bien le ludique qu’il y a dans tout ça. J’aime bien la légèreté de tout ça aussi. Voilà, c’est un théâtre léger. Et ça je trouve que c’est aussi une des composantes fondamentales du théâtre. Le théâtre n’est pas seulement un acte lourd de sens qu’on essaye d’enfoncer dans le crâne de quelqu’un. C’est aussi un acte qui peut et qui doit être léger.(…) La commande est une ouverture, elle doit être vécue comme une ouverture. Lorsqu’elle est réalisée, c’est un texte qui lui-même doit avoir une forme d’ouverture qui transforme son ouverture au plateau, lequel plateau n’a pas fonction de le fermer, le texte, mais de l’ouvrir pour les autres. Et le spectateur lui-même devrait sortir avec de nouvelles questions, de nouvelles interrogations. Pour moi, c’est le processus du théâtre ; ce n’est pas seulement le processus des naissances. Je ne conçois le théâtre que dans cette logique-là. On se refile le ballon, et il n’y a pas de fin. D’une certaine façon, l’idéal serait que le spectateur raconte la chose à quelqu’un d’autre, et, en la racontant, il l’ouvre à nouveau.