Jean-Marie Piemme

  • Écrit / Spectacle vivant / Son / Audiovisuel

Passion selon Marguerite

Affaire d’époque, dans le Faust de Goethe, Marguerite subit, s’incline. J’ai voulu mettre en jeu le mécanisme inverse : une Marguerite qui dit non, qui veut garder son enfant, qui répudie Faust et Méphisto. Mais on ne rejette pas aussi facilement les hommes. Que peut faire une femme seule avec un enfant dans la vie ? La prostitution l’attend. Et comment en sortir ? Avec l’aide du Diable ? Mais on ne répudie pas non plus le diable aussi facilement. Marguerite découvre petit à petit qu’elle ne peut vivre sans qu’un autre en meure. Quelqu’un paie le prix de votre vie et vous-même êtes le prix à payer pour que d’autres vivent : tel est l’axe thématique qui se tissera dans la narration. Sans trop d’explications toutefois. C’est la structure des scènes et de leur répétition qui doit « réaliser » le thème. Pas de message, pas de leçon, mais un coup de projecteur sur un des mécanismes de la vie. Au plan formel, j’ai voulu mettre en tension le tragique et le bouffon, pousser vers une « magie » des images, toucher au dérisoire sans m’y vautrer. Il doit y avoir quelque chose de pathétique chez Marguerite, son désir de vivre par exemple, qui rendra d’autant plus glaçante la cohorte des morts que ce désir entraîne avec lui. Marguerite ne regrette pas, la petite Margot du début à la fin est la bienvenue. Mais il faudra que Marguerite transmette à Margot son savoir : la vie comme contradiction. (J-M. Piemme) La pièce a été créée en janvier 2005 dans une mise en scène de Patrick Verschueren.

Fiche

Année
2002