La jeune première

Marie rêvait de faire du cinéma. Elle se retrouve devant une classe. Comme son père. Comme des milliers d'enseignants, qui se demandent quel sens a leur métier. Quel sens a leur vie. Rien n'a vraiment changé entre son père, 'Monsieur-le-Professeur', et Marie-la-Prof... sinon que Marie ne croit plus aux dieux. Elle ne croit plus qu'au pouvoir des mots et à la puissance du rêve. Ainsi, en partage avec ses élèves de la Terminale B, Marie tente de prouver que les petites Antigone d'aujourd'hui peuvent encore souffler sur les braises de l'espoir. Création au festival de Spa le 8 août 2001 par le Théâtre de la Valette, dans une mise en scène de Michel Wright, avec Roxane de Limelette. Troisième volet de la trilogie composée de "L'enseigneur" et "Photos de famille". Traduction en italien par Antonella Questa.

Fiche

Visuel
Année
2001
Édition
Lansman

Extrait

Les manifs s'accélèrent. Toutes les écoles dans toutes les villes. La situation est grave. Smaïl dit: 'Il faut que ça change'. Je dis: 'Qu'est-ce qui doit changer?' Farida, Farida la silencieuse, dit: 'Je veux devenir une fille bien'. A la salle des profs, ils disent: 'Ca passera. Comme d'habitude.' Je dis: 'Et s'ils avaient raison?' Ils disent: 'Vous êtes prof!?' Devant moi, ils sont cinquante visages blancs. Cinquante pères de Marie-la-Prof. Cianquante fantômes du jour des morts. Je dis: 'Vous ne savez pas que l'Olympe a tremblé? Que les chevaux-vapeur ont remplacé les bateaux à voile? Qu'il ne faut plus sept heures pour traverser l'Atlantique? Que la Terre a rétréci? Que le monde tient dans une petite fenêtre?' Je dis... Oui, je leur dis tout ça. Debout. Eux, assis. Le regard tourné vers le sable.