Préface à Manifeste des espèce compagnes

Fiche

Année
2019
Édition
Flammarion

Extrait

« Quand je caresse Willem, le voluptueux montagne des Pyrénées de ma voisine Susan Caudill, je touche en même temps les loups gris canadiens et les élégants ours slovènes réhabilités, l’écologie restaurative internationale , les expositions canines ainsi que les économies pastorales multinationales ». Donna Haraway écrit cette phrase dans les toutes dernières lignes de ce livre. J’aurais pu commencer par en citer d’autres, et j’avoue avoir hésité, peut-être même avec celle qui tout juste lui précédait : « quand la “pure race“ Cayenne, le “mélangé“ Roland et moi nous nous touchons, nous incarnons dans la chair les connexions entre tous les chiens et les humains qui ont rendu notre contact possible ». Car l’une et l’autre de ces phrases disent tout aussi bien, mais différemment, ce que ce livre a de scandaleusement révolutionnaire tant dans le champs académique que dans celui des théories féministes : s’il parle d’attachements et d’attachement multiples — ce que, suite notamment au travail de Bruno Latour, on arrive aujourd’hui à trouver académiquement convenable — ces attachements se tissent avec des CHIENS.