Yvon Givert

  • Écrit / Son / Spectacle vivant

Adieu Léokadia

Léokadia, le fantasque, est le personnage principal de cette pièce, mais c'est le jeune homme, Samuel, qui viendra la révéler, devenant le ressort essentiel des ruptures, sauts, coq-à-l'âne. Belle est la part faite à la fantaisie dans ce texte, sans pour autant tomber dans la divagation gratuite. Où que l'on situe l'action, Léokadia est d'un autre temps, d'un autre pays, d'une autre histoire. Et ce n'est pas quand un jeune plombier fait renaître en elle le besoin de parole, le désir de raconter, pour finalement dénoncer ses fictions, qu'elle perd son mystère. Bien au contraire. Et ce n'est pas la folie qui peut expliquer sa fantaisie. Les tuyaux, son décor à elle, l'obsession du jeune homme, se mêlent, se croisent et se tordent, ils datent mais ils persistent, malgré les fuites, à conduire l'eau, ils ne sont que les fils des mille et une histoires/vies de Léokadia. Le portier alcoolique, preuve de l'existence d'un dehors, a sa place dans cette vie. Devenu cerbère, trompettiste et bruyant, il se fait complice de l'illusion : quand le jeune homme semble percer le mystère, il bloque la porte comme si à partir de ce moment le secret ne devait pas se divulguer. Et si le plombier parvient à s'enfuir par une brèche dans le mur, c'est parce que de toute façon, on ne peut pas retenir celui qui veut partir.

Fiche

Année
1994