Anima, l’incontournable

Publié le  23.02.2024

Il vient illuminer chaque fin d’hiver et nous signaler qu’on voit le bout du tunnel. Le Festival international du film d’animation de Bruxelles se tient du 23 février au 3 mars entre projections, conférences et rencontres professionnelles.

 

Être dans le milieu du cinéma d’animation et ne pas aller à Anima, c’est comme manger un stoemp sans pommes de terre : impensable. Ou faire du ski sans skis : périlleux. D’ailleurs, Tim Burton et John Lasseter l’avaient compris dès la 3ème édition du festival, en 1984. Ils y étaient, tout auréolés de leur statut de parfaits inconnus. Voir ce qui se fait, suivre les tendances et les contre-tendances, soutenir les copains et les copines sélectionnés, nouer des rencontres – pour le plaisir, pour le travail ou les deux si les étoiles s’alignent, écouter des pointures en conférence, en table ronde, en masterclass, pitcher, speed-dater… Anima met en ébullition le milieu professionnel du cinéma d’animation.

Les festivals, événements décisifs pour les créateurs

Déjà bien installé, son succès public va grandissant (près de 42.000 spectateurs en 2023) et sa programmation augmente d’environ 15% pour cette édition avec un nouveau lieu, le Marni, pour répondre à la vitalité du secteur. 172 courts-métrages ont été retenus sur 1700 films inédits soumis au comité de sélection. Dans ce foisonnement, la compétition «C’est du belge» met en lumière les talents locaux. 24 ont été retenus pour concourir sur 123 soumissions.

Aline Quertain en fait partie avec «Conte sauvage». Une reconnaissance qu’elle avait déjà vécue avec son court-métrage «Le renard minuscule» en 2016, un film qui a été projeté dans 80 festivals et qui a remporté plusieurs prix. «Être sélectionnée à nouveau me fait très plaisir. C’est déjà une reconnaissance de la qualité de ce film. Et Anima est un festival très important pour moi car je suis Bruxelloise, souligne Aline Quertain. Moi, je fais du papier découpé traditionnel, c’est une niche de niche ! C’est par le bouche-à-oreille que mon activité fonctionne. Les festivals sont donc super importants. C’est souvent comme ça que les professionnels et les autres créateurs voient nos films et savent ce qu’on fait. C’est crucial pour trouver des contacts, nouer ou entretenir des liens. Par exemple, c’est au festival d’Annecy que j’ai rencontré le producteur de “Conte sauvage”. J’allais au bord du lac avec des amis, il y était aussi. Et la rencontre humaine a débouché en collaboration.»

Non seulement en compétition, Aline Quertain sera aussi membre du jury des longs et courts-métrages pour enfants (une autre catégorie que son propre film, donc). D’abord surprise, elle a accepté «car je considère que c’est un honneur. Et j’adore regarder des films et en parler, or c’est précisément ce que fait un jury !», sourit-elle.

 

 

Bande annonce de Conte sauvage

Lieux de rencontres

Outre les écoles, les festivals sont les principaux vecteurs de rencontres pour le milieu du court-métrage d’animation. Ils sont somme toute assez nombreux. La France est une grande pourvoyeuse avec notamment Clermont-Ferrand, Rennes, Annecy. On compte le Fantoche ou Animatou en Suisse, AnimaSyros en Grèce, le FICAM à Meknès, le LIAF à Londres, le TAFF en Finlande, etc. Auxquels on peut ajouter les sections dédiées aux films d’animation de certains festivals de court-métrage. Ils sont aussi le principal, et quasiment le seul, biais pour montrer son film.

Ethann crée à chaque fois une photo de lui en rapport avec son film
© Ethann crée à chaque fois une photo de lui en rapport avec son film

«D’une façon générale, un court-métrage d’animation aura une durée de vie de deux ans en festival. Comparée à la visibilité d’un nouveau livre, par exemple, qui a une durée de vie de quelques semaines chez les libraires, ce n’est pas mal du tout. D’autant qu’après, le film peut être visible en ligne et/ou en télévision», relève Ethann Néon.

Une sélection, des impacts concrets

Le réalisateur belge est sélectionné lui aussi pour la 2ème fois, avec «Wavewidth». De sa précédente sélection – l’an dernier avec «1 MTH/MIN» – il se souvient d’impacts professionnels directs, à savoir une interview sur Bx1 et une prise de parole en conférence à Anima ; et indirects avec une visibilité en Belgique. «Cette année, dans l’optique d’un prochain film, je participe à des rencontres entre scénaristes et réalisateurs qui se font suite à un appel et à une remise de dossier. Et je suis ravi d’être repris dans la sélection “C’est du belge”. J’en étais même un peu surpris car mon film est à la lisière de l’animation, de la vidéo, du langage. C’est une création assez hybride. Cela montre une certaine ouverture d’esprit de la part de la programmation d’Anima», estime cet habitué du festival qui y mène des ateliers depuis plusieurs années.

 

Futuranima, rendez-vous des pros

L’extension d’Anima au Marni pour cette édition permettra d’y installer tous les événements de Futuranima, le rendez-vous pour les pros et les étudiants. Au programme : masterclass axée musique avec Pablo Pico, axée écriture de scénario avec Michael Arndt ; plusieurs making of aux techniques et univers variés dont un avec les créateurs de «Linda veut du poulet !» récompensé par le Cristal d’Annecy ou un autre avec le réalisateur et la cheffe décoratrice de «Mars Express» ; stands professionnels où rencontrer Amplo, Mediarte, Technocité et UBV ; de nombreux «Meet the Talents» au bar ; et une programmation cinéma plus pointue à destination des étudiants et des cinéphiles.

 

Anima du 23 février au 3 mars à Flagey, au Marni, à la Cinematek ainsi qu’en Wallonie et en Flandre.

Petits conseils pour faire sa place dans ce secteur

Ethann Néon :

«Pour ce qui est de s'insérer dans la chaîne de production de l'animation en tant qu'industrie, je dirais que le mieux est de commencer par se faire la main en faisant des stages dans des studios d'animation afin d'acquérir les codes du milieu de production et d'affiner sa technique. Mais je n'ai jamais fait ça car ce n'est pas le secteur qui m'intéresse le plus.

Si c'est pour faire de la réalisation, tout dépend du type de film que l'on cherche à faire. Les films d'auteur.rice sont généralement une longue aventure d'autant plus pour le premier car il faut trouver les bons collaborateurs avec qui travailler (producteur, ingénieur son, mixeur...). Le mieux est de commencer par des petits projets (même si on a tendance à vouloir tout mettre dans le premier comme si c'était déjà le dernier).»

 

Aline Quertain :

«Pour ce qui est des techniques spéciales, je dirais qu’il faut être à l’initiative, il faut proposer ses projets. Et persévérer. Les recherches de financement peuvent être longues et parfois décourageantes. L’idée de “Conte sauvage” est née il y a 7 ans… Sa production a pris une grosse année. Le reste, c’était de la recherche artistique et de financement. Avec d’autres projets en cours à côté, bien sûr !»

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