De la nécessité de l’échange et de la mise en réflexion de l’écriture

Publié le  26.05.2014

" (…) Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n'ai rien à opposer que moi-même - mais d'un autre côté c'est considérable. (…) et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde car celui qui construit des prisons s'exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté (…)."
Stieg Dagerman dans 'Notre besoin de consolation est impossible à rassasier' parle merveilleusement de l'écriture comme rapport au monde et me parle aussi et surtout de la solitude face aux mots à déposer en cordage pour rester amarrée à ce monde.

Je pense à tout ceux-là, de chair et d'os qui se sont mis et se mettent encore en dialectique autour de textes en écriture, tous ceux-là faiseurs de liberté, tous ceux-là qui m'inspirent et m'aident à tisser mes mots.

Julien G., Laurence, Bernadette, Michel, Christine, Carole, Eve-Marie, Pierre, Sonia, Céline, Gilles, Stéphane, Elisabeth, Juan, Julien C., Luc, Melody, Justine, Emmanuel, Melissa, Lara, Jérôme, Sébastien, Charlotte, Marion, Louise, Véronique, Louis-Dominique, Vincent R., Manu, Jonas, Ornella, Klervie, Vincent R. encore un autre, JDJ, Stieg, Claire, les sangliers, Dominique A, la mer et les baleines, Freddy Mercury,  même mort, Marie-Christine et Brigitte et tous les autres que j'oublie et tous les autres à venir. 

Ces compagnons d'écriture mettent en évidence la nécessité de l'échange et de la mise en réflexion de l'écriture, on ne sait jamais par où ça travaille et ce que ça travaille mais ça fait avancer au coeur de cette intimité si mystérieuse que l'on partage avec le théâtre qu'on écrit. 

Je voudrais aussi citer deux collectifs auxquels j'ai eu affaire et qui participent à entretenir mon souffle et mon endurance à l'écriture. Après tout, le théâtre est un art collectif à tous ses postes. Pourquoi l'auteur de théâtre devrait-il être privé de cette collectivité à l'œuvre ?  D'abord le tout neuf, joyeux et solidaire Collectif Utopique Militant d'Autrices et d'Auteurs Interplanétaire et Transgénérationnel CUMAAIT qui m'emballe dans un vent frais et ludique, qui me décomplexe par sa charte décalée, qui me conforte dans l'idée que l'écriture n'est pas « une » et que plus il y aura de voix plus le monde volera haut.

Ensuite, l'association française "À mots découverts" qui  regroupe cinquante membres comédiens, metteurs en scène et auteurs réunis autour de la découverte et de l'expérimentation de l'écriture dramatique contemporaine, qui mène un travail impressionnant et admirable auprès des auteurs et a une vue imprenable sur le paysage de l'écriture dramatique contemporaine.

Avec ceux-là qui me « compagnonnent », les rencontres se font sauvages, les lectures improvisées, les amis lecteurs entonnent des échos, l'ensemble de cette mouvance étant très souvent agité par l'amour des mots, du théâtre, de la gratuité, le besoin d'être coudes serrés. Ça donne que des auteurs comme moi n'en finissent pas d'écrire et d'oser interroger les mondes et les formes des écritures.

Ça donne des ailes à la plume.

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